dimanche 26 décembre 2010

Mes prévisions pour le Boxing Day 2010

Comme promis à Louis Lemieux plus tôt ce matin, lors de mon passage à l’émission RDIWeekend, voici mon billet d’aujourd’hui. Ceux et celles qui auraient manqué cette entrevue peuvent la visionner en cliquant ici.

À quoi peut-on s’attendre aujourd’hui dans les magasins et sur Internet? Le consommateur se laissera-t-il séduire par les soldes plus que généreux que les marchands sont prêts à leur accorder?

C’est une question complexe.

Il y a des années que je dis haut et fort que l’effet incitatif des soldes promotionnels est en voie de s’estomper. À force d’offrir sur une base quasi permanente des soldes à 25 %, 30 % et 35 %, le consommateur s’est habitué à ne jamais payer le plein prix; le prix de détail est en quelque sorte devenu une notion floue, un prix maximum qu’il faut éviter de payer.

Par ailleurs, au Canada, l’indice de confiance Nielsen est demeuré à peu près stable, passant de 102 au second trimestre à 101 au troisième trimestre; aux États-Unis où il est passé de 87 à 81. De plus, 22 % des Canadiens et 28 % des Américains affirment qu’ils n’ont plus d’argent, ce qu’on appelle le revenu discrétionnaire, après avoir payé les dépenses essentielles.

Qui plus est, parmi ceux qui ont la chance d’avoir de l’argent en surplus, 40 % au Canada et 33 % aux États-Unis ont l’intention de l’utiliser pour payer leurs dettes alors que 36 % au Canada et aux États-Unis veulent l’épargner. Ce sont là d’excellentes nouvelles sur le plan économique puisqu’au troisième trimestre 2010 « l'endettement des ménages sur le marché du crédit en proportion du revenu personnel disponible a augmenté, passant à 148,1 % ». En termes simples cette statistique signifie que les Canadiens doivent en moyenne près de 1,50 $ pour chaque 1 $ de revenu.

Par conséquent, le consommateur est hésitant, ce qui explique qu’on a vu des soldes de 50 % ou plus débuter au début de novembre et même au début d’octobre dans certains cas. Il est donc logique de s’attendre à des soldes encore plus alléchants au Boxing Day, qui a commencé à 20 h le 24 décembre pour les achats sur Internet.

Quel effet auront ces soldes sur l’incitation à l’achat?

La consommation est un grand plaisir pour la plupart d’entre-nous et le shopping du Boxing day une tradition solidement établie. Encore une fois aujourd’hui, on peut prévoir de longues files devant certains magasins plusieurs heures avant l’ouverture prévue, soit 13 h. Si le consommateur trouve des articles à un prix exceptionnellement bas, il pourra se laisser tenter, surtout si l’achat n’est pas trop important, moins de 100 $ par exemple, ou bien s’il a gardé des réserves en prévision d’un achat particulier qu’il entend faire au Boxing Day.

Sur quels articles verra-t-on les soldes les plus généreux?

Comme d’habitude, les produits électroniques et les gadgets de tout acabit auront la cote. Cette année, je crois que les ordinateurs portables seront parmi les articles sur lesquels on trouvera les soldes les plus avantageux. La raison est simple, Steve Jobs a pris l’industrie de court avec son iPad; plusieurs concurrents, parmi lesquels on retrouve Samsung, HP, Asus et bien d’autres, se sont empressés d’offrir un produit concurrent. En 2011, je pense que la tablette commencera à remplacer l’ordinateur portable de bas de gamme et le Netbook; par conséquent, on peut s’attendre à ce que les marchands tentent d’écouler leurs stocks d’ordinateurs portables à des prix très avantageux. Par exemple, le miniportable HP offert à 229,99 $ chez Best Buy et Future Shop; ou encore le portable Acer offert à 349,99 $ chez Best Buy ou le Toshiba à 399,99 $ chez Future Shop.

Si vous n'êtes pas déjà dans la file d'attente, ne vous précipitez pas en magasin, car, bien entendu, lorsque vous lirez ces lignes, ces modèles seront déjà écoulés… mais il y en a d'autres, un peu plus dispendieux. C’est justement là-dessus que comptent les marchands : vous attirer avec des offres très alléchantes et vous proposer un modèle à 100 $ ou 150 $ de plus, que plusieurs achèteront, car ils sont dotés de caractéristiques encore plus performantes.

Cet engouement pour les technologies m’a d’ailleurs inspiré un livre, « Ces gadgets et machins dont nous sommes friands », que vous pourrez offrir en cadeau à Noël 2011.

Je profite de l’occasion pour vous souhaiter une excellente année 2011!

jeudi 16 décembre 2010

Les dons de charité au Canada en 2009 : le Québec encore en queue de peloton

Comme chaque année en décembre depuis 2007, voici le palmarès pancanadien des provinces et territoires.

Statistique Canada vient de publier les données concernant les dons de charité pour l’année 2009. Pour l’ensemble du Canada, le don moyen s’établit à 1380 $ et le don médian, c’est-à-dire la valeur centrale qui sépare la population en deux parties égales (50 % ont donné plus et 50 % ont donné moins), à 250 $; le revenu médian est quant à lui de 51840 $, résultant en un ratio don/revenu de 0,48 %.

Nous sommes loin de la norme de 1 % du revenu que je défends depuis nombre d’années. Pour ceux et celles qui ne sont pas familiers avec ce concept, je suis convaincu du fait que, exception faite des personnes dites pauvres, tout le monde est capable, sans se priver, de donner 1 % de son revenu brut. Et je pratique ce que je prêche : cette année, j’ai donné 1,31 % de mes revenus. N’allez surtout pas croire que je suis un haut salarié, car je suis professeur à l’Université du Québec à Montréal; je ne dispose pas non plus d’une fortune personnelle ou familiale. Je crois simplement qu’il est essentiel de partager avec les plus démunis.

Revenons aux statistiques. Comme chaque année depuis que je suis ces statistiques, le Québec fait piètre figure au palmarès des provinces et territoires canadiens. Au Québec, en 2009, le don moyen s’établit à 593$, le don médian à 130$, le revenu médian à 47940$ et le ratio don/revenu à 0,27%. C’est vraiment peu par rapport aux statistiques pour l’ensemble de Canada citées au premier paragraphe. En fait, je trouve carrément gênant le fait de voir le Québec traîner, encore une fois, en queue de peloton, derrière tous les autres territoires et provinces (voir le tableau ci-dessous).

Chaque année, je fais le vœu de voir mes concitoyens faire preuve d’un peu plus de générosité… pour être déçu à la publication des statistiques l’année suivante. Il est sans doute déjà trop tard pour remédier à la situation en 2010, mais 2011 va bientôt commencer; placez donc les dons en tête de votre liste de résolutions du Nouvel An. Et il n’est pas trop tard pour faire un petit effort pour 2010; tant de personnes ont des besoins criants alors que vous allez dépenser des centaines de dollars, des milliers dans certains cas, pour célébrer Noël.

mardi 7 décembre 2010

Les dérives du Web 2.0 et la diplomatie

Sous prétexte d’une recherche de la Vérité, la majuscule est importante ici, un Don Quichotte des temps modernes, Julian Assange, n’en finit plus de révéler les secrets petits et grands de plusieurs États.

Dès le samedi 4 décembre, j’écrivais sur Twitter à propos des récentes divulgations de Wikileaks : « La diplomatie, et la paix requièrent souvent le secret. » Le lundi 6 décembre, à la lecture d’un article publié par la BBC, je posais cette question : « Quel bénéfice positif recherchait Wikileaks en publiant cette liste d’installations vitales pour la sécurité des États-Unis? » Un peu plus tard le même jour, je prenais position : « J'ai le sentiment que cette action est irresponsable et ne produit aucun résultat positif. »

Chacun d’entre nous entretient parfois des pensées négatives au sujet de collègues, d’amis ou de parents. Nos sentiments, la bienséance ou tout simplement notre désir d’éviter les conflits et d’entretenir des relations harmonieuses nous font passer sous silence ces sombres réflexions. Il nous serait impossible de vivre harmonieusement en société si chacune de nos pensées était révélée au monde entier.

Ce qui est vrai pour un individu l’est encore plus pour un État. Dieu sait que l’Humanité a connu son lot de guerres et en connaîtra malheureusement bien d’autres encore. Heureusement, les efforts déployés par des diplomates aguerris ont permis d’en éviter quelques-unes et ont même permis de mettre fin à certains graves conflits.

En révélant ainsi des notes confidentielles, Wikileaks joue avec le feu; ces actions perturbent la bonne conduite des relations internationales et pourraient faire dégénérer une situation tendue au point d’engendrer une guerre. Est-ce vraiment ça que nous voulons?

Et je ne suis pas seul à penser ainsi.

Voici ce que Mario Roy écrivait ce matin dans La Presse, dans un article intitulé « Le Divulgateur » : « Car il apparaît à la longue que ce gigantesque coulage ne peut avoir d'autre effet que de vandaliser, littéralement, les relations internationales. Sans gain discernable pour qui que ce soit. Sans profit aucun pour la Transparence (avec une majuscule), l'Information ou la Vérité. »

Le même jour et dans le même quotidien, Mathieu Bock-Côté écrivait ce qui suit dans un article intitulé « WikiLeaks : La transparence radicale » : « Les croisés de la transparence radicale, dont Julian Assange, ne semblent tout simplement pas savoir à quel point notre monde est fragile. En vidant l'État de ses secrets, ils pourraient compromettre de fragiles équilibres qui empêchent notre monde de basculer d'une paix relative à une guerre ouverte. »

Les réseaux sociaux, Facebook, Twitter et autres, ont un effet d’amplification de la nouvelle; même les nouvelles les plus insignifiantes, parfois des informations erronées, se répandent à la vitesse de l’éclair. Sur Twitter, j’ai invité les gens à ne pas se rendre complices de Wikileaks en favorisant la diffusion des contenus controversés.

Je fais encore une fois appel à votre bon sens sur cette tribune.

vendredi 12 novembre 2010

La responsabilité des médias

Les médias jouent un rôle essentiel au sein des démocraties; c’est d’ailleurs pourquoi la liberté d’expression et celle de la presse sont expressément enchâssées dans l’article deux de la Charte canadienne des droits et libertés et dans le premier amendement de la Constitution américaine.

Pour garantir la pérennité de nos droits et libertés, les informations doivent donc librement circuler et loin de moi l’idée de vouloir restreindre cette liberté d’expression des individus et des journalistes.

Cela dit, les contraintes de la concurrence incitent les médias à publier des nouvelles inédites, voire sensationnalistes, communément appelées « scoops », dans le but d’augmenter leur lectorat ou leur cote d’écoute. Là encore, c’est de bonne guerre, sous réserve que la publication de la nouvelle ne provoque pas d’effets pervers.

En effet, je crois sincèrement que les médias devraient s’abstenir de publier une nouvelle, ou du moins d’en retarder la publication, si le fait de rendre cette information publique risque d’être nuisible sans qu’aucun bienfait en résulte pour la protection de nos droits de libertés.

Voici un exemple du principe que je viens de défendre.

Le vendredi 12 novembre 2010, la première page du quotidien La Presse titrait en grosses lettres « 15000 mammographies réévaluées ». Dans un article en page A12, on précise que « les patientes concernées recevront une lettre personnalisée d’ici au 20 décembre. »

Certes, de dénoncer ce manquement grave d’un élément de notre système de santé est essentiel pour aider à prévenir de tels dérapages à l’avenir. Cependant, n’aurait-il pas été préférable de publier cette nouvelle APRÈS le 20 décembre pour éviter d’engendrer de l’inquiétude, voire de l’anxiété, chez des milliers de femmes? De toute façon, les femmes concernées devront attendre de recevoir une lettre d’ici le 20 décembre avant de prendre les mesures préventives ou curatives proposées par leurs médecins traitants. Quant aux femmes saines, elles devront attendre au 21 décembre pour être rassurées, constatant alors qu’elles n’ont pas reçu de lettre.

N’oublions pas non plus la surcharge qui sera imposée aux médecins et aux infirmières pour répondre aux questions de milliers de femmes inquiètes, dont sans doute une majorité inutilement.

N’aurait-il pas été préférable de publier cette nouvelle APRÈS le 20 décembre? Oui, mais un autre média aurait pu sortir le « scoop » le premier et gagner des parts de marché.

Cette nouvelle a été publiée simultanément dans d’autres journaux, Le Devoir par exemple, dont je n’ai pas encore vu la première page, et elle a peut-être été publiée dans un autre média avant de l’être dans les quotidiens mentionnés. Elle a également été reprise par les chaînes radio et sera sans aucun doute diffusée par toutes les chaînes de télévision. Mon intervention ne se veut pas une critique des deux quotidiens mentionnés, lesquels sont selon moi des journaux sérieux, ni des journalistes qui ont publié la nouvelle. J’ai simplement utilisé cet exemple pour illustrer une pratique que j’estime déplorable.

samedi 30 octobre 2010

Industrie du don : le prélèvement mensuel préautorisé

Ceux qui me connaissent savent que je défends avec énergie la nécessité du don individuel aux personnes et populations dans le besoin, comme en témoignent mes chroniques sur ce sujet :

Je préconise donc de dépenser moins et de donner davantage. En fait, je soutiens que toute personne qui dispose d’un revenu régulier lui permettant de bien vivre pourrait et devrait donner 1% de ce revenu à des organismes dont l’objectif est de venir en aide aux personnes malades, démunies ou aux prises avec une crise humanitaire grave (p. ex. Haïti).

Comme je le fais chaque année, je publierai en décembre le palmarès pancanadien des villes, provinces et territoires. Pour l’instant, j’aimerais vous entretenir d’un autre sujet sur l’industrie du don, car cette sphère d’activité est bel et bien devenue une industrie.

Jeudi soir, j’ai été interpellé par des représentants d’un organisme international d’aide aux sinistrés sur la rue Sainte-Catherine à Montréal; on m’invitait à m’inscrire à un programme de prélèvement automatique de dons mensuels.

Je comprends la nécessité pour ces organismes de se battre pour recevoir leur part de dons et, dans cette perspective, leur désir de développer une base permanente de clients.

Cette pratique est toutefois moins attrayante pour le donateur, car elle le prive en quelque sorte du plaisir de donner, du sentiment d’être utile à autrui. Je m’explique.

Si à l’occasion d’une crise humanitaire une personne fait un don pour soulager la misère humaine, elle éprouve alors le sentiment d’être utile, de faire du bien, de soulager la misère des autres.

Si au contraire on prélève simplement chaque mois un montant sur sa carte de crédit ou son compte de banque, cette somme devient simplement une autre dépense qui doit être prévue au budget, comme le loyer ou l’hypothèque.

Il serait surprenant que quelqu’un puisse éprouver une quelconque satisfaction en lisant son relevé de compte mensuel et en voyant le prélèvement préautorisé à un organisme de bienfaisance ou d’aide aux sinistrés.

Je continuerai donc de donner généreusement à quelques organismes auxquels je fais confiance, mais ne m'inscrirai jamais à un programme de prélèvement automatique de dons mensuels.

samedi 4 septembre 2010

L’humain esclave de la technologie

Dans la conclusion de Consommation et nouvelles technologies – Au monde de l’hyper, j’ai écrit :

« Les outils technologiques peuvent cependant être très utiles à l’humanité, à la condition que nous sachions en diriger le développement et l’utilisation. L’homme est trop souvent mis au service de la machine, ou du moins contraint d’adapter sa vie ou son comportement à celle-ci; c’est plutôt la machine qui doit s’adapter à l’homme et lui être utile. »

Voici un exemple de ce qui peut arriver lorsque l’humain devient esclave de la technologie.

Le lundi 30 août, j’ai fait un achat pour lequel je disposais d’un coupon de 5 $, mais n’avais pas mon coupon avec moi; j’ai quand même acheté l’article, car le détaillant m’a assuré que je n’avais qu’à repasser au magasin pour me faire rembourser le coupon, sans me fixer une date précise pour le faire.

Le vendredi 3 septembre, je téléphone au détaillant en question pour connaître ses heures d’ouverture en soirée et lui précise l’objet de ma visite (remboursement du coupon). On me répond alors qu’il est impossible de me rembourser le coupon, la date d’expiration de celui-ci étant le 1er septembre.

J’explique alors que l’achat ayant été effectué le 30 août, la date de validité du coupon a été respectée. On me réplique qu’il n’y a absolument rien à faire, car le code-barre de ce coupon ayant été désactivé dans l’ordinateur, le lecteur optique de la caisse enregistreuse ne peut plus le lire.

Sachant pertinemment que des procédures manuelles permettent souvent de contourner ce genre de difficulté technique, j’ai alors demandé de parler au gérant du magasin. Sur un ton plutôt arrogant, peu recommandable vis-à-vis d’un client, il m’a sèchement répondu qu’il ne pouvait absolument rien faire, car le système informatique était programmé ainsi.

En définitive, j’ai fait état de ma qualité de client fidèle depuis de nombreuses années et l’ai informé du fait que j’achèterais désormais ailleurs si je n’obtenais pas satisfaction; il m’a répondu que je serais probablement mieux servi dans un autre magasin. Cette réponse est inimaginable quand on sait à quel point il est difficile d’acquérir de nouveaux clients.

Vous remarquerez que j’ai volontairement omis de mentionner le type de produit et le nom du magasin; cet incident aurait sans doute pu se produire ailleurs, compte tenu de la grande dépendance des commerçants envers la technologie. Ce qui est important ici, c’est le fait que jamais l’inflexibilité d’une technologie ne doit empêcher un marchand de donner satisfaction à son client, si ce dernier a une raison valable d’être insatisfait; des procédures manuelles doivent toujours être prévues.

vendredi 13 août 2010

Consommation réfléchie et capitalisme responsable

Le jeudi 12 août, dans une entrevue sur le thème « Sommes-nous des citoyens responsables? » avec Marie Plourde, en compagnie d’Yvon Laprade, journaliste à Rue Frontenac, j’ai cité une entreprise comme exemple de « capitalisme responsable ». Il s’agit d’une déclaration faites le 18 mars 2009 par Nick Hayek, le PDG de l’horloger Swatch, à la suite d’une baisse du bénéfice de l’entreprise qu’il dirige :

« Pour une entreprise cotée en Bourse, qui annonce une chute de bénéfice, réduire de 10% l’effectif permet de faire remonter le titre. Cela ne marche pas comme cela chez nous. Il n’y aura ni licenciement ni recul des investissements chez Swatch. Nous acceptons d’avoir un rendement amoindri et de ne pas être les chouchous de la Bourse » (extrait de Consommation et nouvelles technologies - Au monde de l’hyper, p. 173).

N’ayant pas eu l’occasion d’aborder le thème de la « consommation réfléchie » lors de l’entrevue, je voudrais formuler quatre conseils pour vous aider à mieux consommer :
  1. Évitez de vous endetter pour la consommation courante et payez le solde de vos cartes de crédit à échéance pour éviter de payer des intérêts.
  2. Ne vous laissez pas tenter par les étalages promotionnels, de façon à éviter les achats impulsifs.
  3. En matière d’habillement, les modes de la saison sont habituellement passagères alors que d’autres, plus classiques, résisteront au passage du temps. Choisissez des vêtements et accessoires dont le style sera durable.
  4. Toujours en matière d’habillement, apprenez à juger de la qualité des matériaux et achetez des vêtements et accessoires qui résisteront à l’usage pendant plusieurs années… même si vous devez payer un peu plus cher.
La société d’hyperconsommation nous a habitués à une stimulation journalière de nos désirs et à une satisfaction immédiate de nos envies. Ces désirs, nous devons apprendre à les maîtriser; cette maîtrise doit s’acquérir dès le plus jeune âge. C’est le rôle des parents de l’enseigner à leurs enfants et de prêcher par l’exemple; le fait qu’un article soit en solde ou qu’un nouveau modèle soit mis sur le marché ne sont pas des raisons suffisantes pour acheter un produit.

mercredi 11 août 2010

Attirer les touristes ou les faire fuir?

Dans l’article « Deux villes, deux approches, deux images », publié dans le magazine Marketing QC le 20 avril 2010, j’écrivais :« La ville de Québec l’a brillamment démontré avec la promenade Samuel de Champlain, “un grand parc aménagé le long du fleuve Saint-Laurent sur près de 2,5 kilomètres”, pour “redonner aux Québécois” l’accès au fleuve.

Pour atteindre cet objectif, on n’a pas rétréci le boulevard Champlain, une des principales artères permettant de se rendre au cœur de Québec; on a aménagé des espaces verts, une piste cyclable, un sentier pédestre et même des espaces de stationnement gratuits, dans un tout harmonieux et très esthétique, sans empiéter sur les voies de circulation. On peut réduire la congestion automobile en faisant entrave à l’utilisation d’un véhicule ou en facilitant la circulation; Montréal a choisi la première stratégie et Québec, la seconde. »

J’ai récemment eu l’occasion de me rendre à Québec et de profiter de ces aménagements totalement gratuits. Sur les photos ci-dessous, constatez la cohabitation harmonieuse entre automobilistes, cyclistes et piétons. Voyez comme il est agréable de s’arrêter quelques instants pour casser la croûte ou simplement pour admirer le paysage sans qu’il vous en coûte un sous.


Vous ne trouvez pas que c’est mieux qu’à Montréal avec les stationnements à 3$ l’heure au Mont-Royal ou à l’île Sainte-Hélène? Que le slogan « Cet été, la ville appartient aux piétons », qui sous-entend bien sûr « et aux cyclistes, au détriment des automobilistes »? Que les pistes cyclables qui ont poussé de façon anarchique un peu partout dans la ville, entravant la circulation?

J’aime beaucoup certains espaces piétonniers de Montréal, en particulier ceux des rues Prince Arthur et de La Gauchetière dans le Quartier chinois; toutefois, puisque j’habite Saint-Bruno, ce n’est ni en métro, ni en Bixi, ni à pied que je vais m’y rendre. Pour ce qui est d’utiliser ma voiture, aussi bien ne pas y penser dans l’état actuel des bouchons de Montréal.

Bref, j’évite Montréal autant que je peux, et crains fort que bien des touristes et des banlieusards fassent comme moi; si Montréal continue ainsi, on n’y retrouvera bientôt plus grand monde, hormis les résidents des quartiers centraux et les personnes qui sont obligées de s’y rendre pour gagner leur vie.

mardi 3 août 2010

Bien informer le consommateur, une nécessité

Dans l'article « Les suppléments de calcium peuvent être nocifs pour le coeur », publié par la journaliste Louise Leduc dans La Presse du mardi 3 août, on peut lire que « La prise de suppléments de calcium est désormais carrément déconseillée par le British Medical Journal. »

J'ai été intrigué par cette nouvelle choc et mon esprit scientifique m'a poussé à retourner à la source d'origine, soit l'article « Effect of calcium supplements on risk of myocardial infarction and cardiovascular events: meta-analysis », publié dans le British Medical Journal.

La lecture de l'article du British Medical Journal révèle que l'information fournie par la journaliste n'est pas complète. Comme vous pourrez le lire dans les conclusions du résumé (abstract) de l'étude en question, celle-ci vise uniquement les suppléments de calcium administrés SANS ajout de vitamine D :

« Calcium supplements (without coadministered vitamin D) are associated with an increased risk of myocardial infarction. »

Pour le consommateur, en particulier dans le cas d'un produit dont la consommation est liée à la santé, il est crucial que la population soit bien informée. Les personnes qui prennent déjà un supplément de calcium, surtout celles auquel ce supplément a été prescrit par leur médecin, ne devraient pas cesser de prendre ce produit sans d'abord consulter leur médecin ou un autre professionnel de la santé.

Ceci démontre, encore une fois, la nécessité de diffuser une information claire et complète.

dimanche 1 août 2010

La construction d'un village global en harmonie, une utopie

Facebook a récemment dépassé le seuil des 500 millions d’usagers et certains comparent ce réseau social à une communauté mondiale, voire à un pays dont la population serait du même ordre de grandeur que celle de toute l’Union Européenne.

Du coup, on voit plusieurs raviver le rêve utopique d’un « village global en harmonie », une prédiction que l’on attribue, faussement d’ailleurs, à Marshall McLuhan, comme je l’explique dans l’ouvrage Consommation et nouvelles technologies récemment publié.

Ce que cet éminent philosophe et spécialiste des communications a affirmé, c’est que l’électricité contracterait le monde en un village global (M. McLuhan, Understanding Media: The Extensions of Man, Toronto, New American Library, 1964, p. 20), c’est-à-dire que les technologies qui en sont issues rapprocheraient les continents et contribueraient à faire rayonner les différentes cultures au-delà de leurs frontières respectives.

L’auteur avait raison et il était visionnaire, car à l’époque où il a écrit ce texte, dans les années 1960, la radio, la télévision, le cinéma et même l’ordinateur commençaient tout juste à tisser un réseau autour de la planète; l’internet n’en était même pas encore à ses balbutiements.

S’appuyant sur cette « prophétie » soi-disant d’un monde meilleur, que McLuhan, je le répète, n’a jamais prédit, certains ont vu et voient encore dans les technologies de l’information (TI), dans l’internet et tout particulièrement dans le Web 2.0 « la réalisation du rêve d’une cité idéale où régnerait une harmonie entre les humains » (S. Proulx, La révolution internet en question, Montréal, Québec Amérique, 2004, p. 9).

C’est mal connaître la bête! Certes, l’internet a contribué à abolir les frontières géographiques en ce qui concerne la diffusion de l’information, quoique même là on voit encore des efforts de censure dans plusieurs pays. Il est également exact que la connaissance d’autres cultures est considérée comme enrichissante par certains. Cependant, les sentiments négatifs qu’éveille en plusieurs la différence, en particulier la peur, entraînent des réactions de haine dont la manifestation la plus bénigne est l’intolérance et la plus grave la violence.

Par certains côtés, Facebook est un peu le reflet de nos sociétés, disait, avec raison, l’animateur Michel Gailloux, pendant ma chronique Consommation du 30 juillet; il est certain que l’on retrouve dans ce monde virtuel les mêmes amitiés, haines et comportements que dans le monde réel. Malheureusement, l’humain ne modifie pas ses attitudes lorsqu’il passe du monde réel au monde virtuel; bien au contraire, comme je l’écris dans le livre Consommation et nouvelles technologies, le fait d’être en ligne fait perdre à certains la retenue dont ils feraient sans doute preuve dans le contexte d’une conversation téléphonique ou d’un échange face à face.

Par conséquent, de vouloir créer une communauté en harmonie, sur le Web ou dans le monde réel, est certes un objectif noble et hautement désirable. Cependant, l’humain devra progresser au-delà de son égoïsme et changer profondément ses valeurs pour que cet objectif puisse être atteint.

Je profite de ce billet pour annoncer que, puisque l’animateur Michel Gailloux quitte Radio Ville-Marie, j’interromps ma chronique Consommation du jeudi matin au moins jusqu’à la mi-septembre. Elle pourra alors reprendre, sous réserve d’un entretien avec le nouvel animateur. J’annoncerai ma décision définitive sur ce blog.

dimanche 18 juillet 2010

Entrevue : Consommation et nouvelles technologies

Le 22 décembre 2009, j’ai eu le plaisir d’être interviewé par l'animateur Jean Carette dans le cadre de l'émission « Entretiens » diffusée à Radio Ville-Marie (91,3 FM à Montréal). L'entrevue a porté sur le livre Consommation et nouvelles technologies - Au monde de l'hyper publié en novembre; elle a été diffusée le jeudi 24 décembre à 9h00 et le dimanche 27 à 11h00.

Dans cette entrevue, j’explique comment les technologies ont contribué à la montée des phénomènes d’hyperconsommation et d’hyperendettement et défends la nécessité d’une consommation plus réfléchie.

Cette entrevue d’environ 45 minutes vous donnera une bonne idée de contenu du troisième ouvrage de ma Trilogie sur la consommation. Si vous l’avez manquée ou désirez la réécouter, cliquez sur l'icône ci-dessous.

dimanche 11 juillet 2010

Efficace le lobby du tabac!

Comme promis dans mon billet précédent, publié le 6 juillet, j’ai enquêté sur la nouvelle loi modifiant les dispositions de la Loi canadienne sur le tabac, entrée en vigueur le lundi 5 juillet. J’ai annoncé les résultats de mes recherches dans ma chronique « Consommation », diffusée tous les jeudis à 9 h 50 à Radio Ville-Marie (91,3 FM à Montréal). Pour ceux qui l’auraient manquée, voici ce qui en est.

Dans ce billet du 6 juillet, j’écrivais : « C’est une loi très responsable, en apparence en tout cas, et surtout, qui a le mérite de ne pas être hypocrite. » Ne connaissant pas encore le texte précis de la loi, j’ai alors ajouté la réserve « en apparence »; heureusement pour moi d’ailleurs, puisque ce que j’ai appris par la suite m’a laissé pantois.

Le texte de la nouvelle loi stipule que sont interdits les cigarillos qui : 1. Sont aromatisés, peu importe la saveur (fraise, vanille, vin ou autre); 2. Sont dotés d’un filtre; 3. Pèsent 1,4 g ou moins.

Or il est rapidement apparu que des cigarillos aromatisés étaient vendus dans les commerces dès l’entrée en vigueur de la loi. Ce fut annoncé le jour même en primeur par le journaliste Pierre-Olivier Fortin dans le quotidien Le Soleil et par La Presse canadienne dans Le Devoir.

Vérification faite dans un dépanneur du coin, comme en témoignent les photos ci-dessus et ci-dessous, on vend maintenant non pas des cigarillos, mais des « petits cigares » aromatisés de plus de 1,4 g et dont le filtre a été retiré au profit d’un système de filtrage « naturel », ce qui est naturel étant sans doute meilleur pour la santé.



Je ne vois que deux explications possibles à cette fumisterie.

Ou bien les personnes qui ont rédigé le texte de loi ont agi de bonne foi, croyant éliminer un produit jugé dangereux pour la santé et qui favorise une première utilisation du tabac, en particulier par les jeunes; si tel est le cas, le moins qu’on puisse dire c’est qu’ils ont manqué d’imagination et sous-estimé la capacité d’adaptation de l’industrie du tabac.

Ou bien ces mêmes personnes ont été influencées par un lobby du tabac très efficace qui a, en quelque sorte, « dicté » un texte de loi qui leur permettait de rapidement contourner la loi; si tel est le cas, le moins que l’on puisse dire c’est que ce texte de loi est une hypocrisie destinée à berner le bon peuple.

Laquelle des possibilités que j’évoque est, selon vous, la bonne? S’il existe une autre explication valable, j’aimerais que quelqu’un m’en fasse part.

mardi 6 juillet 2010

L’interdiction visant la publicité sur le tabac : une hypocrisie!

Depuis 1997, le Canada a adopté une Loi sur le tabac qui, entre autres choses, restreint considérablement « la vente, l’étiquetage et la promotion des produits du tabac ».

Bien que je sois non-fumeur et conscient des risques du tabagisme pour la santé, j’ai toujours soutenu que cette restriction était une forme d’hypocrisie. En effet, puisque les dangers liés à l’usage du tabac sont si élevés, pourquoi ne pas simplement en interdire la vente plutôt que de limiter les actions promotionnelles permises? En vérité, nos gouvernements sont trop heureux de percevoir les importantes taxes sur les produits du tabac pour se priver de cette manne; c’est pourquoi on a préféré une action très visible pour la population, mais qui n’a jamais résolu grand-chose.

À leur décharge, il est vrai que d’interdire la vente de tabac ne ferait qu’encourager le marché noir et la contrebande; c’est exactement ce qui est arrivé aux États-Unis de 1920 à 1933 pendant la prohibition visant l’alcool.

Je me réjouis donc des dispositions de la Loi modifiant la Loi sur le tabac, entrée en vigueur le lundi 5 juillet, qui interdit carrément la vente de certains produits, les cigarillos aromatisés entre autres, et la vente à l’unité des petits cigares. C’est une loi très responsable, en apparence en tous cas, et surtout, qui a le mérite de ne pas être hypocrite.

Qu’une autre disposition de cette même loi abroge « l'exception autorisant la publicité sur les produits du tabac dans une publication dont le lectorat est composé d'au moins 85 % d'adultes » n’est somme toute qu’un moindre mal, compte tenu du reste.

Dans les prochains jours, je vais creuser un peu plus tous les aspects de cette nouvelle loi et publierai ce que j'ai trouvé sur ce blog.

dimanche 4 juillet 2010

Interdits les cigarillos aromatisés!

Ces dernières années, les ventes de cigarillos aromatisés aux fruits ont explosé, augmentant de 800% de 2001 à 2007! Belle affaire pour les manufacturiers! La douceur de l’arôme rend-elle un premier essai moins rébarbatif au goût? La saveur de fruit engendre-t-elle une perception de danger moindre pour la santé? Le fait qu’ils soient parfois vendus à l’unité pour aussi peu qu’un dollar fait aussi tomber une barrière économique à l'usage. Quoiqu’il en soi, ces cigarillos sont semble-t-il un incitatif à une première utilisation du tabac.

À compter du lundi 5 juillet, la vente de ce type de produit du tabac sera interdite. Je crois que c’est une bonne chose pour réduire le nombre de nouveaux fumeurs, compte tenu des dangers documentés du tabac pour la santé. Cependant, je rejette l’argument de certains à l’effet que la nouvelle loi protégera les jeunes qui sont, semble-t-il, friands de ces cigarillos : « 40 % des élèves de la 10e à la 12e année ont fumé de petits cigares ».

Je ne vois pas bien ce que cette nouvelle loi changera dans leur cas particulier. La vente de produits du tabac n’est-elle pas déjà interdite aux moins de 18 ans? Curieux de savoir comment les jeunes de l’école secondaire se procurent des produits du tabac, j’ai demandé à une directeur d’école maintenant retraité. Devinez qui leur procure de quoi satisfaire leur envie de fumer? Je vous le donne en mille : LES PARENTS!

Par ailleurs, personne ne semble tenir compte du marché noir dont personne ne veut parler, mais que tout le monde connaît, nos politiciens les premiers. La nouvelle loi ne va-t-elle pas être une manne pour eux?

J’ai une dernière question : va-t-on également interdire la vente des petits cigares Old Port, parfumés au rhum et au vin, qui existent depuis plus de quarante ans?

Le journaliste Francis Labbé a réalisé un reportage sur cette question dans le cadre duquel j’ai eu le plaisir d’être interviewé; il sera diffusé à la Première Chaîne Radio (95,1 FM), à la télévision de Radio-Canada et à RDI le lundi 5 juillet.

Je vous invite à commenter mes propos du billet et du reportage.

dimanche 27 juin 2010

Connaissez-vous vos droits quant à l’exactitude des prix?

Ce qui suit s’applique dans la province de Québec (Canada).

En principe, la Loi sur la protection du consommateur (LPC) oblige les marchands à étiqueter le prix sur chaque article, mais elle prévoit des exceptions. Par exemple, à cause l’utilisation de plus en plus répandue des lecteurs optiques, les commerçants ne sont plus tenus d’étiqueter chaque article; plusieurs se prévalent de cette exemption, mais sont quand même soumis à un certain nombre de contraintes visant entre autres l’affichage obligatoire du prix de chaque article sur la tablette et d’une affiche concernant la Politique d’exactitude des prix.

Cette politique prévoit des mesures d’indemnisation du consommateur en cas de non-concordance entre le prix affiché sur la tablette et celui enregistré à la caisse.

Si le prix du produit est de10 $ ou moins, le marchand doit vous remettre l’article gratuitement.

Si le prix du produit est supérieur à 10 $, le commerçant doit vous vendre l’article au prix affiché sur la tablette et vous consentir en plus une remise de 10 $.

Acheteurs, soyez vigilants!

mardi 8 juin 2010

Les succès et les dérives de la technologie

La technologie a envahi nos vies. Elle est présente partout : milieux de travail, foyers, véhicules, appareils portables de toutes sortes, etc. Plusieurs diront qu’elle a libéré l’homme. Vu sous un certain angle, c’est rigoureusement exact. Pensons aux corvées ménagères grandement facilitées par toutes sortes d’appareils électroménagers. Elle a aussi permis à l’homme d’exprimer plus aisément sa créativité; par exemple, des logiciels pas très chers permettent désormais à des personnes dont l’aptitude pour le dessin est limitée de créer des présentations et des sites web dont les illustrations rivalisent avec celles réalisées à main levée par un dessinateur professionnel avant l’ère de la micro-informatique. En conférant une grande liberté de mouvement à la classe moyenne, les véhicules automobiles ont permis le développement de l’Amérique du Nord telle que nous la connaissons aujourd’hui. Un transport aérien rapide et relativement bon marché a rapproché les continents et permis à des personnes disposant de revenus moyens de découvrir des contrées aussi exotiques que lointaines, un privilège autrefois réservé à une élite.

La technologie n’a cependant pas produit que des effets bénéfiques. Outre le fait d’exacerber l’individualisme, voire l’égoïsme, elle a paradoxalement aussi induit une forme de dépendance, parfois même de ce qui s’apparente presque à l’esclavage. Pensons aux millions de personnes qui, les yeux rivés à un écran, alignent jour après jour, dans bien des cas nuit après nuit, des milliers de lignes de codes pour apprendre aux ordinateurs comment traiter des quantités colossales d’information. Plus simplement, rappelons-nous notre désarroi lorsque notre ordinateur personnel tombe en panne ou que survient une coupure d’électricité. Pensons aussi aux violations de la vie privée et à toutes les formes de virus et autres logiciels malveillants. Et puis la technologie a contribué à élargir l’écart entre nations riches et nations pauvres et même entre favorisés et défavorisés dans les sociétés occidentales, bref elle a créé un fossé numérique.

En conclusion, nous devons faire preuve de discernement dans l’usage des technologies et garder à l’esprit qu’elles ne sont pas omnipotentes; elles ne conféreront pas à l’humanité la jeunesse éternelle, encore moins l’immortalité, et ne redéfiniront pas nos valeurs à notre place. Inanimées, elles n’ont en fait aucune valeur; elles s’inscrivent simplement au sein du système de valeurs que nous privilégions. Les outils technologiques peuvent cependant être très utiles à l’humanité, à la condition que nous sachions en diriger le développement et l’utilisation. L’homme est trop souvent mis au service de la machine, ou du moins contraint d’adapter sa vie ou son comportement à celle-ci; c’est plutôt la machine qui doit s’adapter à l’homme et lui être utile.

Pour en savoir plus sur ces questions, consultez l’ouvrage Consommation et nouvelles technologies — Au monde de l’hyper.

samedi 15 mai 2010

Des tests d’ADN en vente libre

Voici un résumé de ma chronique du jeudi 13 mai à Radio Ville-Marie (91,3 FM à Montréal) pour ceux et celles qui l'auraient ratée.

Le mardi 11 mai, Pathway Genomics annonçait son intention de commercialiser un test d’ADN en vente libre dans 6000 pharmacies Walgreen aux États-Unis. Deux jours plus tard, Walgreen annonçait l’annulation de cette entente à la suite d’une intervention de la Food and Drugs Administration (FDA), l’organisme américain « responsable de protéger la santé publique en assurant la sécurité, l'efficacité et la sécurité des médicaments à usage humain et vétérinaire, des produits biologiques, des dispositifs médicaux, de l'approvisionnement alimentaire de la nation, des cosmétiques et des produits qui émettent des radiations. »

Je me réjouis de la décision de la FDA et de Walgreen, car un usage immodéré de ces tests par un public non averti pourrait entraîner des dérives graves. En tout premier lieu, on peut penser aux dangers liés à l’interprétation erronée des résultats, pouvant facilement susciter l’inquiétude, voire l’angoisse, ou au contraire faussement rassurer une personne alors qu’une maladie grave est sous-jacente. Pensons aussi aux dangers de discrimination à l’égard des personnes identifiées comme étant à risque de contracter certaines maladies (cancer, Alzheimer…) lorsque celles-ci postulent un emploi ou veulent acheter une assurance vie.

Enfin, pensons aux arnaqueurs de tous acabits qui ne manqueront pas de se manifester pour profiter du désarroi des personnes lorsqu’un test a révélé une possibilité de contracter une maladie grave. « Vos gènes indiquent que vous êtes menacé du cancer du sein, ou de la prostate? Qu’à cela ne tienne, nos chercheurs ont découvert un élixir qui diminuera votre risque! En vente dans toutes les bonnes pharmacies et sur internet. » Ce serait la recrudescence d’une forme de réclame aussi tapageuse que mensongère destinée à exploiter l'inquiétude des gens. Plusieurs ont déjà dû y voir la possibilité de réaliser des profits se chiffrant en milliards.

Laissons les professionnels nous conseiller en matière de santé et gardons en tête le raisonnement que voici : si une maladie est de toute façon incurable, peut-être vaut-il mieux ne pas savoir qu’il existe une probabilité de 54 % que nous la contractions.

samedi 3 avril 2010

Budget du Québec et consommation: Le faux calcul du ministre Bachand

Pour faire suite à ma chronique radio du jeudi 1er avril sur le même sujet, voici quelques éléments de réflexion.

Le ministre Bachand se leurre lorsqu’il croît qu’une augmentation de la TVQ et de la taxe sur l’essence fera rentrer plus d’argent dans les coffres de l’état; c’est un raisonnement erroné que font souvent les gouvernements.

Dans les faits, de nombreux consommateurs ont déjà un budget très serré; ne pouvant payer la dépense excédentaire de centaines de dollars de plus par année que représentent ces augmentations de taxes, ils adopteront des tactiques pour diminuer leurs dépenses : 1. Réduction de l’achat de certains biens et services; 2. Achat à l’extérieur du Québec; 3. Achat de biens et service sur le marché noir pour éviter de payer les taxes.

Je ne préconise pas l’utilisation de ces tactiques, parfois illégales, je ne fais que relater ce qui se passe à chaque fois que le gouvernement augmente indûment la charge fiscale, en particulier au Québec où le citoyen est déjà le plus taxé en Amérique du Nord. En définitive, il y a gros à parier que l’état québécois verra ses recettes fiscales diminuer.

En outre, la crise économique a été dure et la reprise est encore fragile; d’ailleurs, il n’y a pratiquement pas de création d’emploi. Toutes ces augmentations de taxes et de tarifs risquent fort de tuer la reprise dans l’œuf.

La solution au déficit du Québec ne réside pas dans une augmentation des revenus de l’état mais dans une réduction substantielle de la facture des programmes sociaux qui s’élève à 16 milliards de dollars de plus que la province voisine, l’Ontario. Nous n’avons plus les moyens de nous payer ces privilèges. Par exemple, le programme de garderies à 7$ par jour, dont le coût réel est de 45$, représente à lui seul une dépense de plus de 2 milliards de dollars pour l’état québécois. C’est absurde!

Pour ce programme, je propose quant à moi que accès à une garderie soit sans frais pour les personnes les plus démunies, par exemple les mères monoparentales dont les revenus frôlent le seuil de la pauvreté; quant aux autres, qu’ils paient le coût réel du service. De toute façon, il ne profite vraiment qu’aux plus fortunés.

En outre, si les états veulent augmenter leurs revenus, ils peuvent facilement imposer une surtaxe sur les gains de nature spéculative, mais ceci nécessite une concertation à l’échelle internationale. Nos dirigeants auront-ils le courage politique de confronter le monde parfois interlope des financiers et des spéculateurs?

lundi 15 mars 2010

Vers un capitalisme responsable

Devant la spéculation que nous observons sur les marchés financiers, j’ai entrepris une série de chroniques présentant les ravages du capitalisme financier. Dans la première, j’ai démontré les méfaits de la spéculation, en particulier le lien entre celle-ci et la crise économique et financière qui sévit sur la planète depuis l’été 2007. Dans la seconde, j’ai parlé de la naissance et de l’évolution du capitalisme et de la bourse, et comparé deux formes d’investissements dans une entreprise de haute technologie. Dans la troisième chronique, j’ai présenté les besoins en financement des entreprises technologiques. Dans cette quatrième et dernière chronique, j’introduirai un nouveau mode d’organisation économique à privilégier, le capitalisme responsable.

Pour être bénéfique à l’ensemble de l’humanité, le développement, technologique ou autre, doit reposer sur un nouveau paradigme dit de capitalisme responsable, un concept que nous avons déjà abordé en 2007 dans l’ouvrage Consommation et luxe. Nous définissons le capitalisme responsable comme un système socio-économique fondé sur la libre pratique du commerce, des affaires, de l’industrie et de la finance, dans une perspective de respect des intérêts de tous les acteurs en présence, entre autres le simple citoyen, l’État, les entreprises et les organismes financiers; on retrouve dans cette notion d’acteur le sens que les Anglo-Saxons donnent au concept de stakeholders, soit toutes les parties prenantes d’une entreprise, aussi bien ses clients, que ses employés, ses fournisseurs ou ses investisseurs. Issu du monde même qui l’a fait naître, celui des affaires, le capitalisme responsable s’inscrit dans une évolution du capitalisme, du capitalisme marchand de Venise au capitalisme industriel de la Révolution industrielle du XIXe siècle puis au capitalisme financier de l’ère moderne (Pour ces trois formes de capitalisme, voir K. Galbraith, The Economics of Innocent Fraud, Boston, Houghton Mifflin Company, 2004, p. 8.).

Conscients de leurs responsabilités dans la société, de plus en plus d’hommes et de femmes d’affaires ne peuvent que souscrire à une vision plus humaine des pratiques commerciales, industrielles et financières. À ceux qui pourraient me croire bien naïf, je souligne le fait d’avoir œuvré dans ce monde pendant plus de 25 ans et le côtoyer encore fréquemment; je peux vous assurer qu’il n’est pas peuplé que bandits, d’escrocs, de tyrans et de spéculateurs. J’en prends pour preuve des organisations telle BSR (Business for Social Responsibility), un « leader mondial de la responsabilité sociale, sociétale et environnementale des entreprises (RSE) depuis 1992 », dont la mission est d’« aider les entreprises à contribuer à créer un monde plus juste et plus durable. »

Parmi les plus fervents défenseurs du capitalisme responsable, on compte également des hommes politiques influents tels Nicolas Sarkozy et Barack Obama. Ainsi, pendant la campagne qui l’a mené à la présidence de la France en 2007, Nicolas Sarkozy proposait un capitalisme « familial », fondé sur des valeurs plus humaines, qui s’inscrit dans la perspective de responsabilité sociale que nous venons de décrire : « Je crois dans la force créatrice du capitalisme, mais je suis convaincu que le capitalisme ne peut pas survivre sans une éthique, sans le respect d’un certain nombre de valeurs spirituelles, de valeurs morales, sans l’humanisme, sans la culture. […] Il faut remettre le capitalisme au service d’une certaine idée de l’homme. Je crois dans l’éthique du capitalisme. Je n’accepte pas, et des milliers d’entrepreneurs avec moi, que le travail salarié et l’esprit d’entreprise soient bafoués par les rémunérations et les privilèges excessifs que s’octroie une toute petite minorité de patrons. Je n’accepte pas qu’au niveau mondial, pour des raisons de pur profit, on joue avec les salariés et avec les usines comme on déplace des pions sur un jeu de société. […] Je renforcerai le capitalisme familial. »

Il faut bien l’avouer, même sans les pratiques outrageusement spéculatives, la nature même de la bourse force les entreprises à s’engager dans une course à la rentabilité qui leur fait souvent prendre des décisions contraires à un développement harmonieux à long terme et certaines contraires à l’intérêt de leurs employés et clients. Dès sa première offre publique d’actions (OPA), une entreprise perd une partie de sa liberté d’action; elle est dès lors soumise aux exigences de profit des gestionnaires de fonds communs de placement, des grands investisseurs et des spéculateurs, ce qui la dénature. C’est ce qui explique que Guy Laliberté a toujours refusé d’inscrire son entreprise en bourse; le Cirque du Soleil ne serait sans doute pas ce qu’il est aujourd’hui, si l’entreprise s’était inscrite à la bourse, car Monsieur Laliberté n’aurait pas eu toute la latitude voulue pour choisir ses partenaires, ses artistes, ses spectacles, et j’en passe. Je crois d’ailleurs qu’il faut voir dans les récents déboires de Toyota l’effet d’une course à la rentabilité qui a eu un impact néfaste sur la qualité de ses produits.

Des patrons de grandes sociétés refusent d’être à la remorque des investisseurs. Ainsi, voici ce que déclarait Nick Hayek, le PDG de l’horloger Swatch, le 21 mars 2009 à la suite d’une baisse du bénéfice de l’entreprise qu’il dirige : « Pour une entreprise cotée en Bourse, qui annonce une chute de bénéfice, réduire de 10 % l'effectif permet de faire remonter le titre. Cela ne marche pas comme cela chez nous. Il n'y aura ni licenciement ni recul des investissements chez Swatch. Nous acceptons d'avoir un rendement amoindri et de ne pas être les chouchous de la Bourse. » Ce refus de jouer le jeu boursier pour plaire aux investisseurs s’inscrit dans une perspective de capitalisme responsable.

Le 3 décembre 2008, aux États-Unis, le chroniqueur Ray Williams publiait un article dans lequel il affirmait que le paradigme actuel des affaires n’est plus viable, incitant les chefs d’entreprise à adopter un capitalisme responsable : « Les sociétés capitalistes ont entamé une transformation évolutive de qui nous sommes, ce que nous valorisons et comment nous nous comportons; celle-ci exige une responsabilité sociale et environnementale, à laquelle les chefs d'entreprise doivent participer activement. La transformation requiert un modèle qui se concentre sur plus que le seul objectif de profitabilité (bottom line); elle envisage une création de richesses qui ajoute des gains personnels, sociaux et écologiques aux résultats financiers. » (R. Williams, «CEOs need to adopt responsible capitalism», Financial Post, 3 décembre 2008) La position du Président américain Barack Obama s’inscrit dans cette perspective. Entre autres dans un discours prononcé le 24 février 2009, on constate qu’il défend une vision du capitalisme dans laquelle la prospérité profite à tous. Même s’il n’a pas lui-même nommé ce nouveau capitalisme, d’autres l’ont fait pour lui, capitalisme responsable (Responsible Capitalism) : « Mardi soir, le discours du président Barack Obama était parsemé de phrases et d’idées soulignant sa vision de la responsabilité de son gouvernement à l’effet non seulement de favoriser une économie vigoureuse, mais aussi de s'assurer que les gens ordinaires tiraient profit de cette économie. Il n'a pas encore pleinement articulé sa philosophie économique, et ne lui a pas non plus donné un nom. Mais nous pouvons voir dans ce discours les contours d'une nouvelle approche que l'on pourrait appeler “capitalisme responsable” en contraste avec le “capitalisme de copinage” de l'ère Bush […] Plus précisément, il redéfinit ce que signifie un “climat d'affaires sain” — une prospérité largement partagée par les travailleurs, une économie qui crée de bons emplois, permet l’ascension des travailleurs pauvres à la classe moyenne, fournit des écoles de tout premier ordre, des soins de santé décents, et un logement que les familles peuvent se permettre, tout en protégeant l'environnement. » Le président Obama critique également les abus, entre autres ceux de l’industrie et du monde de la finance; à son avis, le gouvernement doit exercer un contrôle plus étroit dans ces secteurs.

Bref, l’impératif d’une réforme du capitalisme n’est plus à démontrer; quantité d’acteurs de premier plan s’entendent sur la nécessité d’une collaboration à l’échelle internationale pour définir les actions à prendre, car les économies mondiales sont tellement interreliées que l’action unilatérale d’un seul pays n’aurait aucun effet; de mettre en place des mesures pour freiner la spéculation sur les matières premières par exemple doit nécessairement faire intervenir tous les grands États.

lundi 15 février 2010

Lien entre spéculation boursière et faillites d’entreprises

Devant la spéculation que nous observons sur les marchés financiers, j’ai entrepris une série de chroniques présentant les ravages du capitalisme financier. Dans la première, j’ai démontré les méfaits de la spéculation, en particulier le lien entre celle-ci et la crise économique et financière qui sévit sur la planète depuis l’été 2007. Dans la seconde, j’ai parlé de la naissance et de l’évolution du capitalisme et de la bourse, et comparé deux formes d’investissements dans une entreprise de haute technologie. Dans cette troisième chronique, je présenterai les besoins en financement des entreprises technologiques. Bien entendu, ces constats s’avèrent également exacts dans d’autres secteurs d’activité économique.

Le développement technologique, je l’ai souligné, nécessite aujourd’hui des injections massives de capitaux dont disposent seulement les États, les grandes puissances financières, tels les banques, les sociétés de fonds communs de placement et quelques richissimes investisseurs parmi lesquels on retrouve à la fois des créateurs d’entreprises et des spéculateurs. Les petites entreprises technologiques ont beaucoup de mal à trouver le capital nécessaire à leur développement; elles font appel à des subventions de l’État, à des emprunts bancaires, à des sociétés de capital de risque et à quelques rares investisseurs privés. Lorsqu’elles atteignent une certaine taille, elles s’inscrivent à la bourse et font une première émission d’actions; elles sont dès lors soumises aux diktats des investisseurs boursiers qui exigeront d’elles une profitabilité accrue, année après année, faute de quoi leurs actions seront délaissées, leur capitalisation réduite et leur développement compromis.

Plusieurs entreprises florissantes sont ainsi disparues au fil des années. Même les grandes entreprises, parfois inscrites à la bourse depuis des décennies, sont vulnérables; on a vu certaines s’écrouler, leurs actions passant parfois de centaines de dollars à quelques cents. Pensez au fleuron qu’était Norton Telecom (Nortel) au Canada. La spéculation boursière n’est peut-être pas le seul coupable dans la faillite de Nortel, mais c’est un facteur prépondérant; sans les exigences excessives de quelques grands investisseurs visant une trop forte rentabilité, à court terme de surcroît, les décisions d’affaires des dirigeants auraient vraisemblablement été différentes, plus conformes à un développement plus harmonieux de l’entreprise dans une perspective à long terme. Les entreprises, technologiques ou autres, ne devraient pas devoir se financer par le biais des marchés boursiers et voir leurs décisions d’affaires dictées par une poignée de spéculateurs qui ne songent qu’à leur profit personnel à court terme, bien souvent au détriment de l’entreprise elle-même.

Quelles autres avenues pourrait-il exister? Je l'ai dit, le développement technologique peut se poursuivre au sein d’une organisation économique de type capitaliste, tout en étant profitable à l’ensemble de la société. Cependant, pour demeurer le mode d’organisation économique à privilégier, le capitalisme doit se transformer, être associé à des mesures socialistes imposées par l’État et surtout éliminer, ou à tout le moins restreindre, la spéculation. Ce nouveau paradigme, on le voit déjà poindre sous la forme d’un capitalisme responsable et de nouvelles valeurs; j’en présenterai les grandes lignes dans ma prochaine chronique.

dimanche 7 février 2010

Spéculation : Les origines du capitalisme et de la bourse

Devant les dérives dont je suis témoin quotidiennement dans le monde de la haute finance, j’ai entrepris la semaine dernière une série de chroniques portant sur les ravages du capitalisme financier. Dans la première, j’ai démontré les méfaits de la spéculation, en particulier le lien entre celle-ci et la crise économique et financière qui sévit sur la planète depuis l’été 2007. Dans cette seconde chronique, je parlerai de la naissance et de l’évolution du capitalisme et de la bourse, et comparerai deux formes d’investissements dans une entreprise de haute technologie.

Mumford situe au XIVe siècle, en Italie du Nord, « la naissance du capitalisme et le passage d’une économie de troc – facilitée par une monnaie locale et variable – à une économie d’argent, avec une structure de crédit international (Mumford, 1950). » Quant à la bourse, il nous apprend que « deux siècles plus tard, il existait à Anvers une bourse internationale destinée à la spéculation sur l’armement des vaisseaux dans les ports étrangers et sur la monnaie. » D’autres font remonter la naissance de cette institution financière à une époque encore plus ancienne. Certains par exemple font état de l’existence de « courratiers » (forme ancienne du mot courtier) de change à Paris au XIIe siècle, « chargés en France de contrôler et réguler les dettes des communautés agricoles pour le compte des banques », puis des échanges de créances d’État par les banquiers Lombards au XIIIe siècle. Un premier parquet boursier aurait existé à Bruges au XIVe siècle. Selon plusieurs, l’appellation « bourse » tirerait son origine du nom de celui de la famille Van Der Beurze (De La Bourse en wallon), dans la maison de laquelle se réunissaient les négociants brugeois. Bien qu’intéressants, tous ces repères sociohistoriques sont cependant de peu d’importance face à la spéculation, inhérente à la bourse.

Sur ce sujet, Mumford a écrit « bourse internationale destinée à la spéculation »; l’utilisation qu’il fait des termes « bourse » et « spéculation » au sein d’une courte phrase et celle de l’adverbe « destinée » pour lier ces deux termes et désigner l’objectif de cette institution financière, démontre l’indissolubilité qu’il perçoit entre « bourse » et « spéculation ». Mumford poursuit en affirmant qu’avec l’avènement du capitalisme boursier, « toutes les affaires prirent une forme abstraite. Elles ne traitaient pas de marchandises, mais de futurs imaginaires et de gains hypothétiques (Mumford, 1950). » Il poursuit avec l’industrie des mines, soulignant que l’extension des opérations et l’utilisation d’une machinerie faisant appel aux plus récentes technologies de l’époque, nécessitaient un apport de capital que les ouvriers ne pouvaient fournir : « Cela conduisit à l’admission d’associés qui apportèrent des capitaux au lieu du travail : c’étaient des propriétaires absents […] Ce développement capitaliste fut encore stimulé dès le XVe siècle par la spéculation effrénée sur les actions. Les propriétaires fonciers et les commerçants pratiquèrent ce nouveau jeu (Mumford, 1950). »

Cela dit, de faire reposer le développement humain et technologique sur une organisation économique de type capitaliste n’implique pas fatalement la spéculation. Cette pratique n’est pas inhérente au capitalisme, mais à la cupidité humaine; elle est et a été de tous les âges le fait d’un petit nombre. Elle atteint aujourd’hui des sommets vertigineux; ne créant aucune richesse véritable, elle permet seulement à une poignée d’individus de s’enrichir de façon éhontée jusqu’à détruire le système qui leur a permis d’accumuler leur richesse. Il pourrait en être autrement.

Considérons deux placements de 100 000 $ effectués dans des investissements liés à la haute technologie, le premier dans une petite entreprise en démarrage oeuvrant dans le développement de logiciels de sécurité des données, et le second dans un fonds commun de placement spéculatif sur le prix des métaux, une ressource cruciale dans le secteur de la fabrication d’ordinateurs. Pour les besoins de cette comparaison, supposons que les deux placements ont une valeur de 500 000 $ après 5 ans et que les deux investisseurs liquident alors leurs placements respectifs, réalisant un profit de 400 000 $. Ces deux placements ont été également profitables et recevront le même traitement fiscal, soit une imposition sur seulement 50 % du gain en capital. Toutefois, lequel de ces deux placements a été le plus profitable à la société? Lequel a créé une véritable valeur?

Dans le premier cas, des programmeurs, des vendeurs et d’autres employés ont été embauchés, créant ainsi de la richesse collective; ces personnes ont payé des impôts sur leurs revenus aux différents paliers de gouvernement et leur consommation a alimenté d’autres secteurs économiques. La valeur de la petite entreprise en question est passée de 100 000 $ à 500 000 $; cette valeur repose sur des actifs tangibles, bien qu’une certaine proportion puisse être incorporelle. Quant aux logiciels développés, ils ont permis à d’autres sociétés de protéger leurs données et donc de fonctionner de façon plus efficace et plus sécuritaire. N’oublions pas non plus le fait que l’investisseur ne liquidera sans doute pas son investissement après 5 ans, surtout s’il est propriétaire de l’entreprise. Même advenant le fait qu’il le fasse la société ne liquiderait pas ses actifs pour autant; sous la direction d’un autre propriétaire, elle continuerait de prospérer, d’engager du personnel et de créer de la richesse collective.

Dans le second cas, une faible retombée positive pour la société; comme dans le premier cas, seulement l’imposition d’un impôt sur 50 % du gain en capital de 400 000 $. Bien au contraire, les impacts sur la société sont plutôt négatifs. Par exemple, l’augmentation du prix des métaux nuit au développement de plusieurs entreprises, faisant monter le prix de plusieurs produits dont elles ont besoin. Si la valeur du placement est passée de 100 000 $ à 500 000 $, ce gain ne représente aucune augmentation réelle de valeur, seulement une augmentation dans la perception de la valeur des métaux, résultat de la spéculation sur le prix de ceux-ci. D’imposer un même traitement fiscal à ces deux investissements est-il équitable si on considère les retombées pour la société? Gardons cette question en suspens pour l’instant… mais nous y reviendrons.

Dans ma prochaine chronique, je parlerai des besoins en financement des entreprises technologiques.

samedi 30 janvier 2010

Les ravages du capitalisme financier

La consommation, la technologie et la finance sont intimement liées; excédé par les dérives dont je suis témoin quotidiennement dans le monde de la finance, j’entreprends aujourd’hui une série de chroniques portant sur les ravages du capitalisme financier.

Le développement technologique, moteur de la consommation, est lié au financement disponible, en particulier depuis la révolution industrielle du 19e siècle; cependant, ceci n’a pas toujours été. Dans le livre « Consommation et nouvelles technologies — Au monde de l’hyper », publié en novembre 2009, j’écris : « Le capitalisme et le développement technologique peuvent exister l’un sans l’autre : “Le capitalisme a existé dans d’autres civilisations dont le développement technique était relativement faible. La technique fit des progrès réguliers du Xe au XVe siècle sans avoir besoin de l’aiguillon particulier du capitalisme (Mumford, 1950).” Mais la nature du développement technologique actuel et la rapidité avec laquelle il se fait nécessitent une concentration de capitaux dont disposent seulement les États et les grands investisseurs (Ellul, 1990). » Une source de financement est donc nécessaire au progrès technologique; celle-ci peut être publique ou privée.

Cela dit, le tout à l’État du communisme a démontré ses limites; le capitalisme s’est ainsi avéré être la moins mauvaise forme d’organisation économique, même s’il a donné naissance à la société de consommation puis à celle d’hyperconsommation et qu’il est miné par la spéculation. C’est d’ailleurs ce qui fait dire à Robert Rochefort : « La société de consommation est la moins mauvaise des formes de société testées jusqu’à présent (Rochefort, 1995). »

Par conséquent, comme je l’écrivais en 2007, dans l’ouvrage « Consommation et luxe – La voie de l’excès et de l’illusion » : « Il ne s’agit pas de critiquer le capitalisme ni le système boursier dans son ensemble. Ce mode de financement est nécessaire au fonctionnement et à la croissance des entreprises ». Je me contentais alors de dénoncer la cupidité de quelques grands investisseurs qui alimente un phénomène de spéculation. Deux années se sont écoulées et, si je crois toujours fermement dans le bien-fondé d’une forme de capitalisme, responsable, mon opinion du système boursier, elle, s’est encore détériorée, car, plus que jamais, la spéculation fait rage à Wall Street, Bay Street et sur toutes les places boursières.

La spéculation est un phénomène qui est inhérent à l’activité boursière, parce qu’elle prend racine dans les désirs humains de pouvoir, l’argent étant une forme de pouvoir. Extrêmement nuisible à nos sociétés, elle est responsable de la crise des hypothèques à risque (subprime), qui a pris naissance à l’été 2007 puis dégénéré en crise économique et boursière mondiale une année plus tard, et de la plupart de celles qui ont précédé. C’est elle qui est responsable de la mauvaise réputation que plusieurs ont faite au capitalisme : « Plus tard, et plus destructrices pour la réputation du capitalisme aux États-Unis, on a eu la spéculation immobilière visiblement aberrante en Floride, la montée de l’influence corporative et industrielle et, la plus importante, l’explosion du marché boursier de la fin des années 1920. Sont alors survenus le krach de 1929 qui a retenti à travers le monde puis, pendant dix longues années, la grande dépression (Galbraith, 2004). »

Plus près de nous, prenons pour exemple le courtage très fréquent (high-frequency trading), une pratique qui se répand actuellement à Wall Street : « Des ordinateurs puissants, certains hébergés tout juste à côté des machines de la bourse de New York, permettent aux négociants de transmettre des millions d’ordres à la vitesse de l'éclair et, selon ce que leurs détracteurs font valoir, de récolter des milliards aux dépens de tous les autres investisseurs. Ces systèmes sont si rapides qu'ils peuvent déjouer ou dépasser les autres investisseurs, les humains comme les ordinateurs. Et après s’être développés dans l'ombre pendant des années, ils défraient maintenant la chronique. Presque tout le monde à Wall Street se demande comment les fonds spéculatifs (hedge funds) et les grandes banques telles Goldman Sachs font autant d'argent aussi rapidement après que le système financier se soit presque effondré. Le courtage très fréquent (high-frequency trading) est une explication (Stock Traders Find Speed Pays, in Milliseconds). »

Ainsi, il est probable qu’une grande partie des gains réalisés sur les parquets boursiers en 2009 ne soient attribuables qu’à la spéculation et à la manipulation des marchés. Ces pratiques ne créent aucune valeur tangible, seulement une valeur hypothétique fondée sur un futur imaginaire, d’où la création de bulles spéculatives, technologiques, immobilières ou autres; celles-ci éclatent inévitablement tôt ou tard, entraînant le cortège habituel de problèmes économiques et sociaux. Elles finiront par détruire nos économies et nos sociétés si on n’y met pas fin.

La spéculation et la manipulation des marchés, qui ont repris de plus belle après la crise boursière de l’automne 2008, mèneront inévitablement à une autre crise encore plus grave, dont les économies occidentales ne se remettront peut-être pas, si les États n’exercent pas un contrôle plus étroit sur ces pratiques.

Dans ma prochaine chronique, je parlerai de la naissance et de l’évolution du capitalisme et de la bourse, et comparerai deux formes d’investissements dans une entreprise de haute technologie.

dimanche 17 janvier 2010

Centre de réponse à la crise en Haïti

Voici un site développé par Google pour retrouver une personne ou fournir des informations sur une personne disparue.

dimanche 10 janvier 2010

Poken, la nouvelle façon de réseauter

Vous a-t-on pokené récemment? Vous avez bien lu, pokené, pas poqué! C’est beaucoup moins douloureux et surtout beaucoup plus amusant. Le pokening s’ajoutera bientôt à notre vocabulaire. On pourrait décrire cette pratique comme le contact de deux appareils numériques de la taille d'une clé USB, tenus dans la paume de la main, « pour partager vos coordonnées et vos réseaux sociaux en ligne dans le monde réel. » C’est la carte d’affaires de l’ère Web 2.0 et une nouvelle façon d’échanger une poignée de main. Bien qu’il existe des modèles plus « sérieux », le poken vous voulez pour briser la glace dans une partie est le pokenSPARK TM, une figurine souriante qui rappelle les fameux smileys, offerte dans une panoplie de designs et de couleurs.


Même si vous ne possédez pas encore un poken, vous pouvez quand même vous inscrire et créer un compte dans le « pokenverse » (l’univers poken) pour explorer quelques-unes des caractéristiques du plus récent réseau social.

Vous pouvez en commander un auprès d'un revendeur autorisé en ligne. J’en dirai plus sur ce nouveau technogadget dans de prochaines chroniques, après avoir reçu ceux que j'ai commandés et eu la chance de les utiliser.

Ma première réaction : une brillante idée qui fera bientôt boule de neige.