dimanche 28 septembre 2008

L’hyperconsommation et la crise financière mondiale

Depuis plusieurs années, je mets les gens en garde contre les méfaits de l’hyperconsommation; chez bien des personnes, la vie de tous les jours est centrée sur l’achat de biens et services de plus en plus luxueux, avant tout pour se faire plaisir, une satisfaction bien éphémère. L’évanescence du contentement que procure la consommation est d’ailleurs ce qui a permis à la consommation excessive de prendre naissance.

Aussitôt acheté, le nouvel objet s’intègre aux possessions existantes et le plaisir de le posséder s’estompe; très rapidement un nouveau désir fera surface, exacerbé par la publicité omniprésente. Abraham Maslow l’a bien dit : « L’être humain désire toujours quelque chose ». En outre, lorsqu’un nouvel objet est convoité, il est invariablement un peu plus luxueux que celui qu’il remplace, car les caractéristiques de ce dernier sont désormais acquises, elles ne procurent plus le plaisir attendu. C’est ce que j’appelle l’inflation de la consommation.

Pour alimenter ce flot intarissable de consommation, les gens doivent soit puiser dans leurs revenus ou leurs économies, soit s’endetter. Les gens très riches, ceux-là mêmes que la classe moyenne veut émuler, peuvent plus facilement satisfaire leurs envies sans s’endetter, et encore; le phénomène d’inflation de la consommation joue chez eux également.

Quant à la classe moyenne, principal moteur de la consommation et clientèle essentielle aux banques, une étude récente de Léger Marketing démontre qu’elle s’appauvrit, pire qu’elle s’endette de plus en plus. Dans un rapport de Statistique Canada du 15 septembre 2008, on peut lire : « Pour chaque dollar de valeur nette, les ménages avaient une dette de 19,6 cents et, pour chaque dollar de revenu personnel disponible, ils avaient une dette de 1,25 $. » Et la situation est pire aux États-Unis. C’est justement ce qui a provoqué la crise financière mondiale que nous vivons actuellement.

Afin d’alimenter leur soif de consommation, les gens ont emprunté sur la plus value de leur résidence, à des taux d’intérêt souvent excessifs et sans que le prêteur vérifie la capacité de rembourser de l’emprunteur. On comprend aisément que l’équilibre budgétaire est alors fragile; il peut être compromis par le moindre pépin, maladie, perte d’emploi, etc., provoquant une diminution même légère du flot de revenus, ou par l’inflation du prix d’une denrée essentielle, l’essence par exemple. C’est ce qui s’est produit aux États-Unis.

En 2007, bien des personnes ont été incapables de faire face aux obligations financières, en particulier au remboursement des emprunts immobiliers contractés, les tristement célèbres hypothèques « subprime », ou à risque. Ce défaut de paiement, multiplié à des millions d’exemplaires, a mis à mal plusieurs institutions financières américaines. Incapables de récupérer les sommes prêtées, elles ont été à leur tour incapables de rembourser leurs créanciers, encore moins de garantir l’argent de leurs déposants, engendrant par conséquent une ruée de ces derniers sur les guichets pour retirer les économies investies avant que la caisse soit vide. Ceci a engendré une crise de liquidité et l’effet « domino » a fait le reste.

D’autres facteurs ont bien évidemment aggravé la crise, les emprunts de plusieurs investisseurs pour créer un effet de levier et la spéculation par exemple, mais c’est un sujet sur lequel je ne m’étendrai pas aujourd’hui; mon objectif était de démontrer le lien entre l’hyperconsommation et la crise financière mondiale… ce qui est fait.

jeudi 11 septembre 2008

Les variations sauvages du prix de l’essence

Dans l’article Le prix de l’essence laisse songeur, publié le jeudi 11 septembre par la journaliste Hélène Baril dans le quotidien La Presse, on peut lire : « Au cours de la dernière semaine, le prix d’un litre d’essence ordinaire a baissé de presque 4 cents à Toronto et de seulement 0,6 cent à Montréal. » L’article en question continue en rapportant nombre de justifications fournies par divers représentants de l’industrie; vous pouvez les lire en cliquant sur l’hyperlien ci-dessus.

Je crois cependant que le consommateur est las de toutes ces explications, particulièrement dans la foulée du scandale qui a éclaboussé l’industrie pétrolière l'été dernier. Dans la rubrique Les prix étaient discutés pour d’autres marchés, publiée le 21 juillet, Radio-Canada révélait l’existence d’un cartel visant à fixer le prix de l’essence dans plusieurs régions du Québec : « Des documents de cour obtenus par Radio-Canada révèlent que des personnes accusées d'avoir comploté pour fixer les prix de l'essence dans quatre villes du Québec ont eu des discussions portant sur un territoire beaucoup plus vaste que celui visé par les actuelles procédures judiciaires. »

Il est inutile de ressasser constamment notre frustration vis-à-vis de ces faits; les autorités compétentes ont fait du bon travail, laissons maintenant notre système de justice suivre son cours, en espérant que le jugement qui sera prononcé par la Cour saura dissuader ces pratiques malhonnêtes et illégales.

Afin de donner au consommateur un outil pour le prémunir un peu de l’éternel jeu de yo-yo qu’est devenu le prix de l’essence à la pompe, je vais plutôt divulguer l’existence d’une ressource et faire deux suggestions.

Ce matin même, j’ai découvert un site Web, Essence Montréal, « un forum en temps réel où les consommateurs peuvent poster le prix actuel de l'essence affiché chez les nombreuses stations-services situées dans la ville de Montréal et ses banlieues. »

Ce site a besoin de notre collaboration pour véhiculer des informations précises et fiables à la population; je vous invite donc à prendre chaque jour quelques minutes de votre temps pour transmettre le prix de l’essence à la pompe dans une ou deux stations-service de votre voisinage.

Sur la page d’accueil, vous pouvez également vous abonner à un bulletin électronique en inscrivant votre adresse de courriel : « Le bulletin Essence Montréal est un message alerte qui sera transmis à tous les abonnés dès qu’il y aura une augmentation significative des prix à la pompe pour la région du grand Montréal. » Ainsi, vous pourrez au moins faire le plein avant d’être surpris par une augmentation aussi rapide qu’imprévue du prix.

Le consommateur sous-estime souvent son pouvoir; pourtant, si mes suggestions portent leurs fruits, à la longue, les hausses subites du prix de l’essence pourraient se traduire en une désertion tout aussi subite des stations-service, jusqu’à une diminution du prix. Sans prétendre que nos efforts feraient baisser le prix de l’essence, ils pourraient tout au moins faire cesser les variations sauvages.


dimanche 7 septembre 2008

Consommation et technologie

Mon prochain ouvrage, dont la publication est prévue à l’hiver 2009, portera sur la consommation et la technologie; en voici un aperçu.

Dans notre société d’hyperconsommation, le développement technologique est essentiellement dicté par des considérations commerciales, en tout premier lieu la nécessité pour les fabricants de différencier leurs produits de ceux de leurs concurrents.

L’iPhone 3G, lancé au Canada en juillet 2008, est un exemple éloquent de cette affirmation. Loin de moi l’idée de dénigrer ce gadget qui de toute évidence plaît à un segment de marché bien précis; sinon, comment expliquer, lors de son lancement, les files d’attente interminables devant les magasins pour avoir le privilège d’être parmi les premiers à posséder cette merveille? Son design satisfait indubitablement des attentes esthétiques et ses nombreuses fonctions, trop nombreuses en fait pour l’utilisateur moyen, permettent à ses usagers d’en justifier l’achat sur le plan utilitaire (attentes fonctionnelles).

La question n’est pas là. Le principal attrait du iPhone tient à l’image, au mythe devrais-je dire, qu’Apple a développée autour de celui-ci, comme autour de ses autres produits, l’iPod par exemple; comme ce dernier, l’iPhone est un objet culte, un symbole de statut (attentes symboliques), voire, pour certaines personnes, une possession qui leur permet de rehausser une estime de soi un peu faible (attentes imaginaires).

Malgré le fait que des produits concurrents, tels le Touch Diamond (HTC) et l’Instinct (Samsung), offrent un design, des caractéristiques et des fonctionnalités très similaires, l’image exclusive du iPhone permet à Apple de vendre celui-ci un peu plus cher que les produits concurrents, car les inconditionnels, les véritables aficionados, sont moins sensibles au prix, pourvu que celui-ci demeure dans une gamme dont Apple a sans aucun doute établi les limites (attentes financières). On peut donc dire que le développement technologique se fait aujourd’hui selon un paradigme d’échange marchand.