vendredi 13 août 2010

Consommation réfléchie et capitalisme responsable

Le jeudi 12 août, dans une entrevue sur le thème « Sommes-nous des citoyens responsables? » avec Marie Plourde, en compagnie d’Yvon Laprade, journaliste à Rue Frontenac, j’ai cité une entreprise comme exemple de « capitalisme responsable ». Il s’agit d’une déclaration faites le 18 mars 2009 par Nick Hayek, le PDG de l’horloger Swatch, à la suite d’une baisse du bénéfice de l’entreprise qu’il dirige :

« Pour une entreprise cotée en Bourse, qui annonce une chute de bénéfice, réduire de 10% l’effectif permet de faire remonter le titre. Cela ne marche pas comme cela chez nous. Il n’y aura ni licenciement ni recul des investissements chez Swatch. Nous acceptons d’avoir un rendement amoindri et de ne pas être les chouchous de la Bourse » (extrait de Consommation et nouvelles technologies - Au monde de l’hyper, p. 173).

N’ayant pas eu l’occasion d’aborder le thème de la « consommation réfléchie » lors de l’entrevue, je voudrais formuler quatre conseils pour vous aider à mieux consommer :
  1. Évitez de vous endetter pour la consommation courante et payez le solde de vos cartes de crédit à échéance pour éviter de payer des intérêts.
  2. Ne vous laissez pas tenter par les étalages promotionnels, de façon à éviter les achats impulsifs.
  3. En matière d’habillement, les modes de la saison sont habituellement passagères alors que d’autres, plus classiques, résisteront au passage du temps. Choisissez des vêtements et accessoires dont le style sera durable.
  4. Toujours en matière d’habillement, apprenez à juger de la qualité des matériaux et achetez des vêtements et accessoires qui résisteront à l’usage pendant plusieurs années… même si vous devez payer un peu plus cher.
La société d’hyperconsommation nous a habitués à une stimulation journalière de nos désirs et à une satisfaction immédiate de nos envies. Ces désirs, nous devons apprendre à les maîtriser; cette maîtrise doit s’acquérir dès le plus jeune âge. C’est le rôle des parents de l’enseigner à leurs enfants et de prêcher par l’exemple; le fait qu’un article soit en solde ou qu’un nouveau modèle soit mis sur le marché ne sont pas des raisons suffisantes pour acheter un produit.

mercredi 11 août 2010

Attirer les touristes ou les faire fuir?

Dans l’article « Deux villes, deux approches, deux images », publié dans le magazine Marketing QC le 20 avril 2010, j’écrivais :« La ville de Québec l’a brillamment démontré avec la promenade Samuel de Champlain, “un grand parc aménagé le long du fleuve Saint-Laurent sur près de 2,5 kilomètres”, pour “redonner aux Québécois” l’accès au fleuve.

Pour atteindre cet objectif, on n’a pas rétréci le boulevard Champlain, une des principales artères permettant de se rendre au cœur de Québec; on a aménagé des espaces verts, une piste cyclable, un sentier pédestre et même des espaces de stationnement gratuits, dans un tout harmonieux et très esthétique, sans empiéter sur les voies de circulation. On peut réduire la congestion automobile en faisant entrave à l’utilisation d’un véhicule ou en facilitant la circulation; Montréal a choisi la première stratégie et Québec, la seconde. »

J’ai récemment eu l’occasion de me rendre à Québec et de profiter de ces aménagements totalement gratuits. Sur les photos ci-dessous, constatez la cohabitation harmonieuse entre automobilistes, cyclistes et piétons. Voyez comme il est agréable de s’arrêter quelques instants pour casser la croûte ou simplement pour admirer le paysage sans qu’il vous en coûte un sous.


Vous ne trouvez pas que c’est mieux qu’à Montréal avec les stationnements à 3$ l’heure au Mont-Royal ou à l’île Sainte-Hélène? Que le slogan « Cet été, la ville appartient aux piétons », qui sous-entend bien sûr « et aux cyclistes, au détriment des automobilistes »? Que les pistes cyclables qui ont poussé de façon anarchique un peu partout dans la ville, entravant la circulation?

J’aime beaucoup certains espaces piétonniers de Montréal, en particulier ceux des rues Prince Arthur et de La Gauchetière dans le Quartier chinois; toutefois, puisque j’habite Saint-Bruno, ce n’est ni en métro, ni en Bixi, ni à pied que je vais m’y rendre. Pour ce qui est d’utiliser ma voiture, aussi bien ne pas y penser dans l’état actuel des bouchons de Montréal.

Bref, j’évite Montréal autant que je peux, et crains fort que bien des touristes et des banlieusards fassent comme moi; si Montréal continue ainsi, on n’y retrouvera bientôt plus grand monde, hormis les résidents des quartiers centraux et les personnes qui sont obligées de s’y rendre pour gagner leur vie.

mardi 3 août 2010

Bien informer le consommateur, une nécessité

Dans l'article « Les suppléments de calcium peuvent être nocifs pour le coeur », publié par la journaliste Louise Leduc dans La Presse du mardi 3 août, on peut lire que « La prise de suppléments de calcium est désormais carrément déconseillée par le British Medical Journal. »

J'ai été intrigué par cette nouvelle choc et mon esprit scientifique m'a poussé à retourner à la source d'origine, soit l'article « Effect of calcium supplements on risk of myocardial infarction and cardiovascular events: meta-analysis », publié dans le British Medical Journal.

La lecture de l'article du British Medical Journal révèle que l'information fournie par la journaliste n'est pas complète. Comme vous pourrez le lire dans les conclusions du résumé (abstract) de l'étude en question, celle-ci vise uniquement les suppléments de calcium administrés SANS ajout de vitamine D :

« Calcium supplements (without coadministered vitamin D) are associated with an increased risk of myocardial infarction. »

Pour le consommateur, en particulier dans le cas d'un produit dont la consommation est liée à la santé, il est crucial que la population soit bien informée. Les personnes qui prennent déjà un supplément de calcium, surtout celles auquel ce supplément a été prescrit par leur médecin, ne devraient pas cesser de prendre ce produit sans d'abord consulter leur médecin ou un autre professionnel de la santé.

Ceci démontre, encore une fois, la nécessité de diffuser une information claire et complète.

dimanche 1 août 2010

La construction d'un village global en harmonie, une utopie

Facebook a récemment dépassé le seuil des 500 millions d’usagers et certains comparent ce réseau social à une communauté mondiale, voire à un pays dont la population serait du même ordre de grandeur que celle de toute l’Union Européenne.

Du coup, on voit plusieurs raviver le rêve utopique d’un « village global en harmonie », une prédiction que l’on attribue, faussement d’ailleurs, à Marshall McLuhan, comme je l’explique dans l’ouvrage Consommation et nouvelles technologies récemment publié.

Ce que cet éminent philosophe et spécialiste des communications a affirmé, c’est que l’électricité contracterait le monde en un village global (M. McLuhan, Understanding Media: The Extensions of Man, Toronto, New American Library, 1964, p. 20), c’est-à-dire que les technologies qui en sont issues rapprocheraient les continents et contribueraient à faire rayonner les différentes cultures au-delà de leurs frontières respectives.

L’auteur avait raison et il était visionnaire, car à l’époque où il a écrit ce texte, dans les années 1960, la radio, la télévision, le cinéma et même l’ordinateur commençaient tout juste à tisser un réseau autour de la planète; l’internet n’en était même pas encore à ses balbutiements.

S’appuyant sur cette « prophétie » soi-disant d’un monde meilleur, que McLuhan, je le répète, n’a jamais prédit, certains ont vu et voient encore dans les technologies de l’information (TI), dans l’internet et tout particulièrement dans le Web 2.0 « la réalisation du rêve d’une cité idéale où régnerait une harmonie entre les humains » (S. Proulx, La révolution internet en question, Montréal, Québec Amérique, 2004, p. 9).

C’est mal connaître la bête! Certes, l’internet a contribué à abolir les frontières géographiques en ce qui concerne la diffusion de l’information, quoique même là on voit encore des efforts de censure dans plusieurs pays. Il est également exact que la connaissance d’autres cultures est considérée comme enrichissante par certains. Cependant, les sentiments négatifs qu’éveille en plusieurs la différence, en particulier la peur, entraînent des réactions de haine dont la manifestation la plus bénigne est l’intolérance et la plus grave la violence.

Par certains côtés, Facebook est un peu le reflet de nos sociétés, disait, avec raison, l’animateur Michel Gailloux, pendant ma chronique Consommation du 30 juillet; il est certain que l’on retrouve dans ce monde virtuel les mêmes amitiés, haines et comportements que dans le monde réel. Malheureusement, l’humain ne modifie pas ses attitudes lorsqu’il passe du monde réel au monde virtuel; bien au contraire, comme je l’écris dans le livre Consommation et nouvelles technologies, le fait d’être en ligne fait perdre à certains la retenue dont ils feraient sans doute preuve dans le contexte d’une conversation téléphonique ou d’un échange face à face.

Par conséquent, de vouloir créer une communauté en harmonie, sur le Web ou dans le monde réel, est certes un objectif noble et hautement désirable. Cependant, l’humain devra progresser au-delà de son égoïsme et changer profondément ses valeurs pour que cet objectif puisse être atteint.

Je profite de ce billet pour annoncer que, puisque l’animateur Michel Gailloux quitte Radio Ville-Marie, j’interromps ma chronique Consommation du jeudi matin au moins jusqu’à la mi-septembre. Elle pourra alors reprendre, sous réserve d’un entretien avec le nouvel animateur. J’annoncerai ma décision définitive sur ce blog.