mardi 9 octobre 2012

Y’a d’l’eau dans l’gaz

J’ai choisi le titre de ce billet entre autres parce que le vocable « gaz » désigne l’essence (carburant pétrolier) dans le langage populaire québécois. Qui plus est, l’expression « y’a d’l’eau dans l’gaz » nous vient de France; elle signifie que « l’atmosphère est à la dispute » ou encore que des « querelles se préparent ». Or, cette expression est fort à propos pour le sujet que je me propose d’aborder d’aujourd’hui : le prix de l’essence au Québec et plus particulièrement dans la région de Montréal.

Vous me direz que ce n’est pas un sujet neuf et vous aurez raison; il y a des lustres que des associations de consommateurs, des journalistes, des chroniqueurs et des usagers du produit en question s’indignent du prix des carburants. Il est également vrai que ce jeu stupide de hausses sauvages et répétées perdure depuis tellement longtemps que la plupart des personnes et des groupes cités ci-dessus se résignent et n’en parlent plus… sauf lorsqu’un événement particulièrement choquant se produit. C’est à un tel événement que j’ai été confronté le dimanche 7 octobre.

Ce jour-là, lors d’une balade en Ontario, j’ai été frappé par le prix particulièrement bas de l’essence dans la petite ville de Lancaster, située en bordure de l’autoroute 401 qui mène à Toronto, à une cinquantaine de kilomètres, 30 minutes en voiture, de l’extrémité ouest de l’île de Montréal : seulement 1,223$ ou 122,3₵ comme le veut la pratique dans cette industrie; le même jour, je venais de voir l’essence annoncée à 145,4₵ par la plupart des détaillants de l’Ouest de Montréal, une différence plus de 23₵ le litre.

Or, je sais d’expérience que l’écart habituel dans le prix de l’essence entre ces deux régions est d’environ dix ou douze cents le litre, un écart qui s’explique par la différence entre les taxes québécoises et ontariennes; comment se fait-il qu’il ait été de plus de vingt-trois cents, soit le double, à la date indiquée?

Cet écart de dix ou douze cents le litre DE PLUS qu’habituellement ne peut PAS être expliqué par la différence entre les taxes québécoises et ontariennes, puisque celles-ci n’ont à ma connaissance pas été modifiées récemment; si on demande aux représentants de l’industrie, on nous passera la cassette habituelle qui n’explique rien du tout. À ma connaissance, jusqu’à présent, personne n’a expliqué de façon convaincante le fonctionnement pour le moins opaque de cette industrie.

Par ailleurs, on sait très bien qu’au début 2012, sept personnes de plus ont été condamnées à payer des amendes à cause de leurs activités visant à fixer le prix de l’essence dans certaines régions du Québec; encore très récemment, on a en outre appris que « des accusations criminelles ont été déposées vendredi contre Irving Oil et son gestionnaire au Québec, Serge Parent, dans l'affaire du cartel de fixation du prix de l'essence à Victoriaville, Thetford Mines et Sherbrooke ».

Quelles autres malversations pourrait-on découvrir dans cette industrie si on creusait un peu plus? Il me semble que, vu les faits qui précèdent,  une commission d’enquête publique est justifiée pour faire toute la lumière sur le fonctionnement de tous les intervenants de cette industrie, du producteur au détaillant. 

Si vous avez d’autres faits troublants à rapporter, j’aimerais beaucoup que vous m’en fassiez part.

samedi 6 octobre 2012

Enfin de l’originalité dans la pub


Pour ne pas nuire au « scoop » de la journaliste Marie-Ève Fournier qui m’a interviewé à ce sujet, j’ai attendu la publication de son article, « Montréal-Trudeau sur son 36 », dans le journal Les Affaires avant de publier ce billet.

Vers la fin septembre, Tristan, designer de vêtements mode pour hommes et femmes, a inauguré une campagne publicitaire à l’aéroport Trudeau de Montréal. Comme vous pouvez le voir dans l’image ci-contre, cette campagne repose sur l’utilisation d’un carrousel à bagages pour exposer une collection de vêtements.

 Cette idée de la directrice du développement des affaires et fille du propriétaire de l’entreprise, Lili Fortin, est à mon avis un concept radicalement innovateur; à ma connaissance, c’est la première fois que ces espaces sont utilisés comme support publicitaire. Cet effet de nouveauté jouera vraisemblablement en faveur de Tristan, en particulier pour développer la notoriété de sa marque auprès de la clientèle d’affaires, un segment de marché qui reste à conquérir de l’aveu même du propriétaire Gilles Fortin.

Dans notre monde actuel où la publicité est omniprésente, il est très difficile de capter l’attention des gens avec un message publicitaire, quel que soit sa nature ou son support. Nous sommes exposés à des contenus publicitaires dès notre lever et jusqu’à notre coucher : journaux, magazines, radio, télévision, panneaux publicitaires en bordure des routes et dans les transports publics, et j’en passe. Cette omniprésence de la publicité amène la cible de ces messages, vous et moi, à filtrer ces communications pour éviter une hyperstimulation de nos sens. Dans le même but, certaines personnes adoptent même des tactiques visant à éliminer complètement les messages publicitaires; je prends en exemple le « zapping » (changement de chaîne) et le « zipping » (enregistrement des émissions et avance rapide pendant les pubs) à la télévision.

Le carrousel à bagages est un support publicitaire nouveau; la curiosité et l’ennui de l’attente pour leurs bagages pousseront sans doute la plupart des gens à jeter au moins un coup d’œil aux vêtements qui y sont exposés, dont le logo et la marque sont clairement identifiés. Si le style des vêtements leur plaît, des personnes qui ne connaissaient pas la marque pourraient la considérer lors d’un prochain achat.

Le concept est appuyé par des défilés de mode dans les aires publiques de l’aéroport, mais ceci est un autre sujet que je pourrai traiter dans un prochain billet.

Quelles seront les réactions des voyageurs envers ce nouveau type de publicité? Au moins dans  un premier temps, je pense que la plupart des voyageurs accueilleront favorablement ce nouveau type de message publicitaire; après tout, l’attente au carrousel à bagages est ennuyeuse et souvent longue; comme je le disais, l’effet de nouveauté joue en faveur de Tristan. Cela dit, il est possible que certaines personnes la critiquent, y voyant un envahissement de plus de la sphère publique par la publicité.

Et vous, qu’en pensez-vous?