dimanche 27 septembre 2009

Clarification de la notion de Web 2.0

Le jeudi 24 septembre, pendant ma chronique sur la consommation à Radio Ville-Marie, l’animateur Michel Gailloux m’a demandé de clarifier la notion de Web 2.0 pour les auditeurs. Contrairement à ce que son nom peut évoquer, le Web 2.0 n’est pas une évolution technologique de l’Internet, un peu comme la version 2.0 d’un logiciel est plus avancée que la version 1.0, le Web 2.0, c’est plutôt un changement dans la façon d’envisager le Web et dans les pratiques qui y ont cours.

De sa mise en place dans les années 1980 jusqu’à la fin des années 1990, le Web, sous-entendu 1.0, a été utilisé de trois façons : 1. une communication entre deux personnes par le biais du mail ou courrier électronique; 2. une communication entre les membres d’un groupe par le biais de la messagerie électronique ou du forum de discussion; 3. une de communication de masse par le biais d’un site Web non interactif.

C’est Darcy DiNucci qui annonce le changement de paradigme, utilisant pour la première fois le vocable « Web 2.0 » dans un article publié en 1999 : « Le Web tel que nous le connaissons maintenant, qui télécharge dans la fenêtre d’un navigateur des écrans essentiellement statiques, n'est qu'un embryon du Web à venir. Les premiers miroitements du Web 2.0 commencent à apparaître, et nous commençons tout juste à voir comment cet embryon pourrait se développer [...] Le Web sera compris non pas comme des écrans chargés de texte et de graphiques, mais comme un mécanisme de transport, l'éther par lequel est générée l'interactivité. »

DiNucci définissait alors le principe même du réseau social, c’est-à-dire une toile complexe d’interactions reflétant les intérêts des internautes, les véritables propriétaires de l’Internet; rappelons que le Web a été pensé et créé pour favoriser les échanges d’idées et de contenus, entre des chercheurs d’abord, entre les membres d’une communauté élargie à toute la planète ensuite.

Le Web social, ce n’est donc pas un usage du Web, mais plutôt toute une série d’applications qui permettent aux gens d’interagir et de diffuser des contenus sur le Web; parmi celles-ci, on retrouve entre autres le blog et le site de réseautage social.

Le blog, est une page Web interactive mise à jour régulièrement, en principe, par son ou ses auteurs, les billets, articles ou chroniques apparaissant dans l’ordre inverse de leur publication. En 1997, « Jorn Barger, auteur du site Robot Wisdom, crée le terme “weblogs” pour décrire ce que lui et d’autres pionniers de l’Internet font sur leurs sites. » En 1999, « Peter Merholz, auteur du weblog Peterme, annonce qu’il prononcera désormais le mot “weblog” comme “we blog” [nous bloggons], qui est inévitablement raccourci au mot “blog” dont l’auteur est appelé un “blogger” [blogueur]. » En août 1999, Google lance Blogger, la première application en ligne, faisant du blog une pratique grand public. C’est un tournant, car, jusqu’alors, la publication de contenus sur le Web était une pratique réservée à des sociétés et quelques initiés.

Le site de réseautage social, ou SNS (de l’anglais Social Networking Service), est un concept que Boyd et Ellison définissent comme des « services Web qui permettent aux individus (1) de construire un profil public ou semi-public dans un système délimité, (2) de créer une liste d'autres utilisateurs avec lesquels ils partagent une connexion, et (3) d’afficher et de parcourir leur liste des connexions et celles produites par d'autres au sein du système. » Le premier réseau social à apparaître sur le Web est SixDegrees.com. Lancé en 1997, il est acheté pour la somme de 125 millions $ÉU par YouthStream Media Networks en 2000 qui en cesse l’exploitation avant la fin de la même année; l’entreprise revend la technologie en 2003 pour la somme de 700 000 $ÉU.

Vous pourrez en découvrir davantage sur le Web 2.0 et sur biens d’autres technologies dans l’ouvrage Consommation et technologie qui sera publié fin octobre ou début novembre.

samedi 19 septembre 2009

Les origines de l’ordinateur numérique

La rédaction de l’ouvrage Consommation et technologie est maintenant terminée; le livre sera publié cet automne avant le Salon du livre de Montréal. J’ai donc maintenant un peu plus de temps à consacrer aux chroniques de mon blog; j’espère pouvoir les reprendre de façon un peu plus régulière.

Dans ma dernière chronique régulière, le dimanche 19 juillet, j’ai commencé à vous parler des origines de l’ordinateur en présentant le calculateur analogique. Poursuivons avec aujourd’hui avec l’ordinateur numérique.

C’est à l’ENIAC (Electronic Numerical Integrator And Computer) que l’on attribue la plupart du temps l’honneur d’être le premier ordinateur numérique, électronique et programmable. Conçu par les ingénieurs John Mauchly et Presper Eckert assistés du mathématicien John von Neumann, ce monstre de 30 tonnes utilisait 18 000 lampes à vide; sa conception était financée par l’armée américaine qui souhaitait l’utiliser pour calculer des tables de tir balistiques (P. Breton et S. Proulx, L’Explosion de la communication, La naissance d’une nouvelle idéologie, 3e édition, Montréal, Les éditions du Boréal, 1994, p. 87). Les deux ingénieurs quitteront l’Université de Pennsylvanie et s’associeront pour fonder la corporation Eckert-Mauchly Computer; faute de fonds suffisants, cette entreprise n’arrivera pas à exploiter commercialement les concepts développés avec ENIAC. C’est à la compagnie Remington Rand que revient l’honneur de produire le premier ordinateur commercial; l’entreprise acquiert Eckert-Mauchly Computer en 1950 et produit ensuite la première gamme d’ordinateurs conçus pour des applications d’affaires, la série UNIVAC.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, la compagnie IBM travaille elle aussi à la conception d’un ordinateur en collaboration avec l’Université Harvard. En 1946 elle produit le Mark I, un ordinateur d’une taille beaucoup plus petite; il ne pèse que 5 tonnes. À peu près au même moment que Remington Rand, en 1952, IBM lance elle aussi un ordinateur commercial, l’IBM 701.

Ces événements marquent le début d'une révolution numérique qui transformera les méthodes de production et de gestion des entreprises avant de s'étendre à la sphère privée puis de tisser autour de la planète un réseau de communication qui a permis l'émergence des réseaux sociaux en ligne que nous connaissons aujourd'hui. Dans le livre que je vous présenterai bientôt, j'explore les différentes facettes de cette transformation majeure de notre monde.