Absorbé par mon prochain livre, Consommation et technologie, dont la sortie est prévue à l'automne, par mon microblog quotidien sur Twitter et par d'autres activités de publication, entre autres d’un article intitulé « Le luxe de 1950 à 2020 : une nouvelle géoéconomie des acteurs » dans la revue GÉOÉCONOMIE, je dois espacer les chroniques de mon blog, car le temps me manque. Je vous prie de m’en excuser.
Contrairement à ce que j'écrivais à la fin de ma dernière chronique, celle-ci ne sera pas consacrée au développement technologique de l’arme aérienne aux États-Unis, car la poursuite d’une série telle celle consacrée aux technologies de guerre, commencée le 6 juin, doit se faire de façon plus soutenue; je dois donc l’interrompre. Je la reprendrai peut-être un jour.
Aujourd’hui, je vous donnerai un aperçu du contenu de mon prochain livre, en vous parlant des origines de l’ordinateur. On en compte deux types bien différents : analogique et numérique. Commençons par l’ordinateur analogique.
Il s’agit d’un dispositif mécanique de gestion de données « qui s'expriment au moyen de grandeurs physiques (par exemple, des intensités, des tensions ou des pressions hydrauliques) », dont les rouages sont entraînés par moteurs électriques ou des pistons hydrauliques. L’abaque chinois et la règle à calcul autrefois utilisée par les ingénieurs sont des exemples d’« ordinateurs » analogiques actionnés manuellement. C’est Vannevar Bush, un professeur du Massachusetts Institute of Technology, qui, en 1931, met au point le premier ordinateur analogique fonctionnel, qu’il appelle alors « continuous integraph »; on lui donnera plus tard le nom d’« analyseur différentiel ».
L’« analyseur différentiel » est une machine gigantesque qui utilise les dix chiffres du système décimal plutôt que le système binaire des ordinateurs actuels; c’est d'ailleurs un étudiant de Bush, Claude Shannon, qui suggère dans son mémoire de maîtrise l’application pratique de l’algèbre booléenne et de l’arithmétique binaire à des circuits électriques, son travail sur l’« analyseur différentiel » l’ayant amené à rechercher des façons de l’améliorer, entre autres en remplaçant les rouages par des circuits électriques.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le viseur Norden qui équipe les bombardiers de l’USAF utilise un ordinateur analogique pour calculer le point d’impact des bombes. Jusque dans les années 1960, peut-être même 1970, les banques ont utilisé des calculatrices électromécaniques faisant appel au concept d’ordinateur analogique développé par Bush. Des machines numériques ont par la suite relégué ces premiers ordinateurs aux oubliettes de l’histoire.
Bush est néanmoins un visionnaire. Dans l’article « As we may think », publié en 1945 dans la revue « The Atlantic », il prévoit la dominance des ordinateurs numériques et programmables sur leurs cousins analogiques : « Les machines arithmétiques avancées du futur seront de nature électrique et opéreront à des vitesses 100 fois supérieures, ou même plus, aux vitesses courantes […] elles sélectionneront leurs propres données et les manipuleront en fonction des instructions insérées. » Bush reconnaît donc les avantages des calculateurs numériques et des langages de programmation développés pendant la Seconde Guerre mondiale.
Dans ma prochaine chronique, je poursuivrai avec les ordinateurs numériques.
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