dimanche 28 juin 2009

Les technologies de guerre : La Royal Air Force

1940 : le Blitzkrieg permet à Hitler de s'emparer de la France en 6 semaines. En mai, la France capitule et en juin le Corps Expéditionnaire Britannique se retire en désordre à Dunkerque, abandonnant la majeure partie de son matériel militaire. L'Angleterre se retrouve seule, mais, heureusement pour elle, dispose d'un atout de taille : la Royal Air Force (RAF - armée de l'air britannique).

Dans les années 1930, l’Angleterre est soucieuse de maintenir une force aérienne capable de défendre le royaume contre toute attaque venue du continent européen, sorte de parité aérienne. Elle met à profit l’expertise développée par les avionneurs à l’occasion des épreuves de la coupe Schneider : « Jacques Schneider, de la dynastie des maîtres de forge du Creusot, était de ceux qui, dans l’entre-deux-guerres, croyaient fermement à l’avenir de l’hydraviation. Convaincu que l’hydravion était l’appareil le mieux adapté aux voyages aériens au long cours, il chercha à en stimuler le développement au moyen d’une coupe qui demeurera le symbole d’une époque de l’histoire de l’aviation. La Coupe Schneider ne se contentera pas d’être à l’origine de la création d’appareils de légende, aux lignes superbes et aux performances éblouissantes, tels que le Bernard HV-220, le Macchi MC 72 ou le Supermarine S6. Elle contribuera puissamment au développement de progrès significatifs. Outre le développement des moteurs en V, elle imposera définitivement la formule du monoplan à aile basse pour les appareils rapides. Nul doute que l’expérience acquise par Reginald Mitchell et Henry Royce dans leur quête pour la Coupe Schneider leur aura été profitable pour la création d’un appareil qui fera parler de lui plus tard : le Supermarine Spitfire. » (Site Web Aerostories)

L’échec essuyé par la Luftwaffe (armée de l'air allemande) pendant la célèbre Bataille d’Angleterre, du 10 juillet au 31 octobre 1940, fait qu’Hitler renonce à un tenter assaut amphibie sur les côtes anglaises; l’excellence des avions de chasse anglais, l’Hurricane et le plus récent Spitfire, couplée au courage exceptionnel des pilotes de la RAF sauve l’Angleterre d’une invasion allemande. C’est d’ailleurs ce qui fit dire à Winston Churchill, Premier ministre d’alors, dans un discours prononcé à la chambre des communes le 20 août 1940 : « Never in the field of human conflict was so much owed by so many to so few - Jamais dans l’histoire des conflits humains une dette aussi grande a-t-elle été contractée par un si grand nombre de personnes envers aussi petit nombre d’individus. »

Dans ma prochaine chronique, je me pencherai sur le développement technologique de l’arme aérienne aux États-Unis.

dimanche 14 juin 2009

Les technologies de guerre : le Blitzkrieg

Si au sortir de la Première Guerre mondiale, la France victorieuse dispose d’une armée de l’air puissante, il n’en va pas autant en septembre 1939; des incohérences dans les politiques gouvernementales, une incompréhension de l’importance stratégique et tactique de l’aviation par le haut commandement et une insuffisance de la capacité de production des avionneurs nationaux empêchent la France de reconstruire une armée de l’air capable de faire face aux défis de l’époque (T. Vivier, La politique aéronautique militaire de la France, Janvier 1933 – Septembre 1939, Paris , L’Harmattan, 1997). L’avion de chasse le plus utilisé par l’armée de l’air française est le Morane-Saulnier 406, inférieur au Messerschmitt 109 allemand. Malgré leurs efforts héroïques, les aviateurs français sont incapables de s’opposer efficacement aux bombardements des avions d’assaut de la Luftwaffe (armée de l’air allemande), les tristement célèbres Stukas. C’est un des facteurs qui expliquent le succès du concept de « guerre éclair » (Blitzkrieg) mis au point par l’état-major d’Hitler : « La combinaison des bombardiers en piqué Stuka et des forces de Panzer [char de combat allemand] donna rapidement la victoire » (D. Mondey (dir. publ.), J. Liron, J.W. Dennison, K. Munson et P. Pletschacher pour l’édition originale 1977, A. Hérubel (dir. publ.) et J.A. Rabet pour l’adaptation française, Encyclopédie de l’aviation, Compagnie internationale du livre, 1980, p. 151). C’est ce qui permit l’invasion de la Pologne en un mois et plus tard celle de la France en six semaines.

« En vertu du traité de Versailles, il était interdit à l’Allemagne d’entretenir une force aérienne, mais elle avait droit à un ministère de la Défense et ce dernier comprenait un petit état-major de l’air. Les constructeurs allemands conçurent toute une gamme d’avions de ligne, d’entraînement et de liaison qui servirent plus tard de prototypes aux bombardiers, chasseurs et avions d’assaut. La compagnie aérienne nationale, la Lufthansa, dispensait l’entraînement aérien et l’esprit aéronautique était entretenu par les sports aériens : vol à voile et vol à moteur. Quand Hitler accéda au pouvoir en 1933, il lança un réarmement massif en commençant par la Luftwaffe » (Ibid., p. 150).

samedi 6 juin 2009

Les technologies de guerre : introduction

Nous célébrons aujourd’hui le 65e anniversaire du débarquement de Normandie (Jour J) qui marque le début de la reconquête de l'Europe par les pays alliés. Je crois qu'il est approprié, voire indispensable, d'avoir une pensée pour les milliers de femmes et d'hommes qui ont donné leur vie repousser l’envahisseur et de reconquérir les territoires occupés. C'est également pour moi l'opportunité d'entreprendre une série de chroniques portant sur les technologies de guerre. Commençons par un peu d'histoire.

La fin des années trente voit se résorber tranquillement la Grande dépression qui a sévi pendant toute une décennie. Les démocraties occidentales se concentrent sur les moyens à prendre pour faire redémarrer leurs économies respectives; elles visent donc avant tout à maintenir la paix en Europe et, pour ce faire, font preuve de tolérance envers Hitler. L’annexion de l’Autriche résultant de l’Anschluss de 1938 est un premier pas de l’Allemagne pour élargir les frontières imposées par le traité de Versailles qui a mis fin à la Première Guerre mondiale. Lors d’une conférence à Munich en septembre 1938, dans un effort d’apaisement du Führer allemand, les dirigeants français et anglais entérinent les accords de Munich qui concèdent à l’Allemagne l’annexion des monts Sudètes sur le territoire de la Tchécoslovaquie. Le 1er septembre 1939, l’Allemagne envahi la Pologne; deux jours plus tard, le Royaume-Uni, la France et d’autres pays lui déclarent la guerre. Elle durera six longues années et s’étendra à plusieurs continents et océans.

Comme tous les conflits, la Seconde Guerre mondiale a accéléré le développement technologique; les périodes de crise sont favorables aux nouvelles inventions, en partie parce que l’aiguillon de l’urgence favorise la créativité et aussi parce que les crédits accordés au développement technologique par les gouvernements sont alors, sinon illimités, du moins fortement augmentés. Je ne vais pas tenter de faire une énumération exhaustive de toutes les technologies de guerre. Pour ces chroniques, je retiens l’aviation et l’espace.

Je commencerai la semaine prochaine avec la période du Blitzkrieg, le concept de guerre éclair qui a permis à Hitler d’envahir toute l’Europe, puis l’Afrique.