Devant la spéculation que nous observons sur les marchés financiers, j’ai entrepris une série de chroniques présentant les ravages du capitalisme financier. Dans la première, j’ai démontré les méfaits de la spéculation, en particulier le lien entre celle-ci et la crise économique et financière qui sévit sur la planète depuis l’été 2007. Dans la seconde, j’ai parlé de la naissance et de l’évolution du capitalisme et de la bourse, et comparé deux formes d’investissements dans une entreprise de haute technologie. Dans cette troisième chronique, je présenterai les besoins en financement des entreprises technologiques. Bien entendu, ces constats s’avèrent également exacts dans d’autres secteurs d’activité économique.
Le développement technologique, je l’ai souligné, nécessite aujourd’hui des injections massives de capitaux dont disposent seulement les États, les grandes puissances financières, tels les banques, les sociétés de fonds communs de placement et quelques richissimes investisseurs parmi lesquels on retrouve à la fois des créateurs d’entreprises et des spéculateurs. Les petites entreprises technologiques ont beaucoup de mal à trouver le capital nécessaire à leur développement; elles font appel à des subventions de l’État, à des emprunts bancaires, à des sociétés de capital de risque et à quelques rares investisseurs privés. Lorsqu’elles atteignent une certaine taille, elles s’inscrivent à la bourse et font une première émission d’actions; elles sont dès lors soumises aux diktats des investisseurs boursiers qui exigeront d’elles une profitabilité accrue, année après année, faute de quoi leurs actions seront délaissées, leur capitalisation réduite et leur développement compromis.
Plusieurs entreprises florissantes sont ainsi disparues au fil des années. Même les grandes entreprises, parfois inscrites à la bourse depuis des décennies, sont vulnérables; on a vu certaines s’écrouler, leurs actions passant parfois de centaines de dollars à quelques cents. Pensez au fleuron qu’était Norton Telecom (Nortel) au Canada. La spéculation boursière n’est peut-être pas le seul coupable dans la faillite de Nortel, mais c’est un facteur prépondérant; sans les exigences excessives de quelques grands investisseurs visant une trop forte rentabilité, à court terme de surcroît, les décisions d’affaires des dirigeants auraient vraisemblablement été différentes, plus conformes à un développement plus harmonieux de l’entreprise dans une perspective à long terme. Les entreprises, technologiques ou autres, ne devraient pas devoir se financer par le biais des marchés boursiers et voir leurs décisions d’affaires dictées par une poignée de spéculateurs qui ne songent qu’à leur profit personnel à court terme, bien souvent au détriment de l’entreprise elle-même.
Quelles autres avenues pourrait-il exister? Je l'ai dit, le développement technologique peut se poursuivre au sein d’une organisation économique de type capitaliste, tout en étant profitable à l’ensemble de la société. Cependant, pour demeurer le mode d’organisation économique à privilégier, le capitalisme doit se transformer, être associé à des mesures socialistes imposées par l’État et surtout éliminer, ou à tout le moins restreindre, la spéculation. Ce nouveau paradigme, on le voit déjà poindre sous la forme d’un capitalisme responsable et de nouvelles valeurs; j’en présenterai les grandes lignes dans ma prochaine chronique.
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