mardi 18 décembre 2007

La consommation et les valeurs au Canada et au Québec

Tant dans « Consommation et luxe – La voie de l’excès et de l’illusion », l’ouvrage publié récemment, que dans « Consommation et image de soi – Dis-moi ce que tu achètes… » publié en 2005, j’affirme que la consommation repose sur des valeurs matérialistes et individualistes, voire égoïstes. Comme Lipovetsky, je ne vois pas comment mettre un frein à la société d’hyperconsommation, sans la redécouverte de valeurs oubliées, le souci de l’autre notamment. Je précise que ce retour à des valeurs plus fondamentales, plus humaines, peut et doit se faire sans que l’on doive pour autant pratiquer le dénuement : « Ce changement sociohistorique n’implique ni le renoncement au bien-être matériel, ni la disparition de l’organisation marchande des modes de vie. » (G. Lipovetsky, Le bonheur paradoxal. Essai sur la société d’hyperconsommation, Paris, Gallimard, 2006, p. 335.)

Or, les plus récentes statistiques publiées ce matin par l’Institut Fraser démontrent que les Québécois sont parmi ceux qui sont les moins généreux envers les plus démunis.

Afin de couper tout de suite court à l’argument que vont nous opposer certains, à savoir que les Québécois sont moins riches que les citoyens d’autres provinces, l’Ontario par exemple, je propose de laisser tout de suite de côté le montant moyen d’un donateur québécois (580 $) en comparaison de ce même montant au Canada (1345 $), en Ontario (1617 $) ou en Alberta (1836 $), la province dans laquelle les donateurs sont les plus généreux. Je rappelle que ces chiffres sont calculés sur le nombre de donateurs, pas sur l’ensemble de la population.

Une analyse détaillée des données révèle que seulement 22,5 % des contribuables du Québec ont déclaré des dons de charité en 2006, en comparaison de 25,1 % au Canada, de 27,3 % en Ontario et de 28,4 % en Alberta. En fait sur les 13 provinces et territoires, le Québec se retrouve au 9e rang! C’est encore pire si on étudie les chiffres en fonction du pourcentage du revenu; pourtant, exception faite des personnes à faible revenu, tout le monde peut au moins faire don d’un pourcentage de son revenu. À cet égard, la contribution d’un Québécois ne représente que 0,33 % de son revenu, alors qu’elle représente 0,75 % de celle d’un Canadien, 0,91 % d’un Ontarien et 1,11 % d’un Albertain; sur les 13 provinces et territoires, le Québec se retrouve au 11e rang!

Je ne dirai pas que je suis étonné, car je ne le suis pas; cette étude ne fait que confirmer un état de fait démontré depuis longtemps par de nombreuses études. À titre de citoyen canadien d’origine francophone, résidant au Québec depuis ma tendre enfance, je peux toutefois dire que ces statistiques me font rougir… de honte.

Les Québécois ne se targuent-ils pas d’être une société distincte? D’être le rempart social-démocrate aux abus des riches? De constituer une société égalitaire unique en son genre? Toutes ces belles déclarations sont-elles creuses? Ces hautes vertus dont certains veulent se réclamer ont-elles pour seul but de faire progresser l’idéologie qu’ils défendent?

Je laisse chacun réfléchir à ces questions.

Quant à moi, je continue de soutenir qu’un retour à des valeurs fondamentales est le point de départ sine qua non d’une consommation plus responsable.

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