mercredi 12 décembre 2007

L’indice du commerce électronique

Le mercredi 12 décembre, le Cefrio, VDL2 et SOM annonçaient conjointement le lancement du premier indice du commerce électronique au Québec.

Voici quelques sites Web qui permettent de mettre en perspective le chiffre frappant de 266 millions $ d'achats mensuels en ligne au Québec, cité dans le communiqué :

Les 266 millions $ de 2007 dont il est fait mention dans le communiqué, m'apparaissent une croissance énorme par rapport aux 88 millions $ de 2005. Par contre, les chiffres proviennent d’organismes différents; peuvent-ils vraiment être comparés? N'ayant en main que les faits saillants rendus publics et ne sachant rien des méthodologies détaillées utilisées dans la réalisation et l’analyse des deux études, je ne peux me prononcer sur cette question. Présumons que la comparaison est juste et que la valeur en dollars des achats en ligne a effectivement triplé entre 2005 et 2007.

Cependant, en se fondant sur les chiffres publiés dans NETendances, on voit que le pourcentage d’acheteurs a diminué par rapport à 2005 et 2006 :

  • Octobre 2005, 21,5 %
  • Octobre 2006, 21,2 %
  • Octobre 2007, 17,6 %

On peut également constater l'existence de variations saisonnières importantes (par exemple 12,3 % en juillet 2006).

Les informations qui précèdent m’amènent à la conclusion suivante : un pourcentage un peu moins élevé de personnes a effectué des achats sur internet en octobre 2007, par rapport à la même date en 2005 et 2006. Par contre, ces personnes ont acheté des biens et services pour une somme plus importante, ce que pourraient confirmer les chiffres mentionnés dans le communiqué de presse : une moyenne d’achats de 322 $ par mois et des achats de 1 000 $ et plus par 130 000 personnes.

Par ailleurs, en consultant les sites d'Industrie Canada et de Statistique Canada, on peut constater que le commerce électronique « interentreprises » est d'une ampleur sans commune mesure avec celle du commerce de détail (avec le consommateur) : 24,45 milliards $ au Canada en 2005. C'est là à mon avis que réside le principal intérêt du commerce électronique.

L’article du 20 avril 2007 dans Le Quotidien de Statistique Canada détaille les avantages perçus par les entreprises pour ce type de commerce; ce sont entre autres, la réduction des coûts, l'élargissement de la clientèle (note personnelle : par exemple à des marchés géographiquement éloignés) et une meilleure coordination avec les fournisseurs.

Le commerce électronique, un outil marketing additionnel, mais un pensez-y-bien en commerce de détail... Le communiqué est très clair à ce sujet : les 266 millions de $ ne représentent que 3 % du commerce de détail. Certes, il y a eu et il y aura croissance, ceci est indéniable. Cependant, je ne crois pas que le commerce en ligne soit en voie de rattraper le commerce en magasin, encore moins de le dépasser. Ce serait sans compter sur l'aspect « plaisir » de la consommation. Ces deux canaux de distribution sont complémentaires et, sauf dans des cas isolés, le commerce avec pignon sur rue sera encore longtemps l’endroit où la majorité des consommateurs voudront faire leurs achats.

Les transactions avec les institutions financières sont une des exceptions, puisqu’en juin 2007, les statistiques de NETendances CEFRIO - Léger Marketing démontrent que 42,8 % des personnes interrogées ont effectué des opérations bancaires par internet. Les réservations dans les transports publics sont également dans une classe à part. Ce n'est pas étonnant, compte tenu de la nature essentiellement fonctionnelle des attentes vis-à-vis de ces deux types de transactions.

Il est important d’avoir une compréhension approfondie du phénomène de la consommation en ligne, entre autres d’étudier pourquoi les gens achètent en ligne, ce que seules des études qualitatives, plutôt que quantitatives, sont véritablement à même de révéler.

Enfin, je me permets une mise en garde, formulée tout particulièrement à l’intention des petites entreprises. L’utilisation d’un site internet transactionnel peut s’avérer intéressante; cependant, il est impératif de tenir compte du profil de votre clientèle avant de vous lancer dans l’aventure. En outre, la création et la mise à jour fréquente d’un tel site sont onéreuses. Finalement, l’utilisation de l’internet nécessite une transformation de la culture d’entreprise; des expériences passées ont démontré que sans cette transformation de la culture, le commerce en ligne avec le consommateur mène à un échec.

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