mardi 5 février 2008

La démocratisation de l’automobile

Sans la dépression, à la suite du krach boursier de 1929, et la Seconde Guerre mondiale, l’usage de l’automobile se serait peut-être répandu bien avant. Quoi qu'il en soit, ce n’est que dans les années 1950 que l’achat d’une automobile s’est véritablement démocratisé, devenant même un symbole d’appartenance à une classe moyenne aisée. Dès lors, l’automobile n’est plus un luxe; avec la migration des populations vers les banlieues, elle devient même une nécessité. Jusqu’aux années 1980, les constructeurs américains, qui, comme les trois mousquetaires, sont quatre à cette époque, GM, Ford, Chrysler et American Motors, occupent une position dominante sur le marché nord-américain. Dans celui-ci, des années 1950 aux années 1980, les voitures de la classe moyenne sont les Chevrolet et Pontiac (General Motors), Fairlaine, Victoria et Mercury (Ford), Plymouth et Dodge (Chrysler), et Rambler (American Motors).

De 1950 jusqu’en 1973, le prix de l’essence demeure inférieur à 0, 50 $ US le gallon américain (environ 3,6 litres); les voitures prennent de l’embonpoint et les moteurs de la puissance. On ne se soucie pas du tout du prix de l’essence et l’expression « gaz à effet de serre » n’a pas encore été inventée; c’est l’époque des « muscles cars ». En 1973, une première crise du pétrole ébranle une population confrontée à une augmentation du prix de l’essence et même à une rupture de stock causant de longues files d’attente dans les stations-service. La situation se stabilise assez rapidement et le prix de l’essence ne dépassera pas 0,70 $ US avant la fin de la décennie. La révolution islamique iranienne en 1979 lui fait franchir la barre psychologique de 1,00 $ US; il atteint près de 1,30 $ US en 1981, pour redescendre autour de 1,20 $ US, une moyenne qui se maintient pendant toutes les années 1980 et 1990. Entre 1986 et 1988, le prix redescend même sous la barre de 1,00$ US. Après les deux chocs pétroliers, les automobilistes nord-américains bénéficient donc d’une accalmie dans le prix de l’essence pendant toute la fin du XXe siècle; ils sont nombreux à favoriser de nouveau les voitures plus grosses.

Par contre, dès le début des années 1970, certains consommateurs de la classe moyenne nord-américaine commencent à chercher une alternative aux voitures gloutonnes, et de plus en plus dispendieuses, que lui proposent les constructeurs continentaux. La solution vient d’ailleurs; tora – tora – tora, ce sont les voitures japonaises qui envahissent le marché avec des voitures plus petites, consommant peu de carburant et moins dispendieuses à l’achat. Un yen faible les aide à vendre à un prix défiant toute concurrence tout en maintenant une généreuse marge de profit. Les voitures « démocratiques » sont maintenant les Toyota, Honda et Datsun (maintenant Nissan). Le phénomène se manifeste dans une moindre mesure en Europe où, l’essence ayant été historiquement plus chère, les voitures sont plus petites et les moteurs moins gourmands.

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