jeudi 11 août 2011

Des pyramides de dettes, entre autres au Québec

Les événements de mercredi démontrent la justesse des commentaires que j’ai formulés dans mon billet de mardi, « La panique boursière : une crise fabriquée ».

Alors que lundi les marchés boursiers mondiaux s’étaient écroulés, mardi, il a suffi que la réserve fédérale américaine annonce un gel des taux d’intérêt dans une fourchette variant de 0 à 0,25 %, pour que les bourses nord-américaines explosent; cette réaction euphorique des investisseurs est tout aussi émotive que celle des jours qui ont précédé… mais en sens inverse.

Mercredi, la bourse de Toronto affichait une perte à l’ouverture pour clôturer avec un gain modeste, alors qu’à New York (Dow Jones) on a plutôt vu se répéter la débâcle de lundi sous prétexte d’inquiétudes au sujet des banques françaises vulnérables à la crise de la dette en Europe. Le même jour, les marchés européens ouvraient à la hausse, entraînés par l’euphorie de mardi à New York… pour terminer en nette baisse.

Ce matin (jeudi), les bourses européennes ont ouvert à la hausse sans que les inquiétudes de la veille aient disparu; ce que feront les bourses canadiennes et américaines aujourd’hui relève de l’art divinatoire.

Ces réactions émotives disproportionnées, amplifiées par des transactions spéculatives, nous font oublier la cause principale de la crise actuelle, la dette des États; ce jeu de yo-yo continuera tant et aussi longtemps que les états concernés n’auront pas assaini les dépenses publiques.

C’est également l’avis de l'économiste et essayiste Jacques Attali : « Les dettes ne sont pas mauvaises en soi, surtout quand elles servent à investir. Mais lorsque la dette publique dépasse 50% à 60% du produit intérieur brut [PIB] et n'est pas génératrice de croissance, elle devient un cercle vicieux. Or, depuis 2008, la seule réaction de l'Occident face à la crise n'a pas été d'apporter des réponses structurelles, mais d'augmenter les dettes publiques de 30 % du PIB. »

Si le Canada, je l’ai écrit lundi, fait figure de citoyen modèle à ce chapitre, il en va tout autrement du Québec et de certains pays européens. La dette des États-Unis m’inquiète beaucoup moins, car, comme je l’ai également écrit lundi, vu leur immense pouvoir d’achat et leur niveau de taxation, il suffirait d’imposer une taxe à valeur ajoutée de seulement 2 ou 3 % pour voir se résorber la dette.

Par contre, au sein du Canada, le Québec est la province la plus endettée : « En 2011, la dette brute devrait continuer de croître et atteindre 173,4 milliards $, ce qui équivaut à 54,7 % du PIB. À ce niveau, le Québec sera de loin la province la plus endettée au Canada, suivie de Terre-Neuve et Labrador. »

Vous rendez-vous compte? 54,7 % du PIB, et nos gouvernements successifs de toutes allégeances politiques ont maintenu, voire multiplié, des programmes sociaux universels, c'est-à-dire s’appliquant à tous les citoyens sans égard à leur revenu ou à leur situation personnelle particulière.

Comprenez-moi bien, je suis un fervent défenseur des mesures sociales permettant d’assurer un minimum de confort aux personnes démunies; dans un pays riche comme le nôtre, il serait scandaleux de laisser des personnes vivre dans la misère.

Par contre, je m’opposerai toujours avec la dernière énergie au caractère universel de certains programmes sociaux et à la création anarchique de nouveaux programmes dont la nécessité reste à démontrer, sans égard à au niveau d’endettement de l’État.

Au Québec par exemple, trouvez-vous normal le fait qu’une mère célibataire gagnant 20 000 $ par année et un couple dont le revenu annuel dépasse 150 000 $ paient le même montant, soit 7 $ par jour, pour placer un enfant dans un centre de la petite enfance (CPE)?

Êtes-vous d’accord avec la mise en place d’un programme de financement public de procréation assistée dont les coûts ont été sous-estimés, et qui en 2014-15 coûtera à l’État 63 millions par année? Dans l’état actuel de la dette publique du Québec, c’est une aberration.

Et ceci sans compter le fait, votre argent et le mien est utilisé pour « financer les cliniques privées plutôt que de créer une expertise » publique selon l'Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS).

Pour l'exercice financier 2010-11, il en a coûté 27,1 millions pour 3 500 cycles de procréation, ce qui nous fait plus de 7 700 $ par bébé, à la condition que chaque cycle ait abouti en une naissance. Ce n’est vraiment pas la façon la plus efficace de faire augmenter le poids démographique du Québec au sein du Canada!

En fait, plusieurs pays européens et le Québec sont en faillite technique; les gouvernements de ces États ne peuvent plus utiliser l’argent de leurs commettants, notre argent, pour toutes sortes de folles dépenses qui ne profitent pas à la population dans son ensemble, sans égard à l’état de la dette publique de surcroît.

Comme d’habitude, vos commentaires sont les bienvenus.

Aucun commentaire: