mardi 27 novembre 2007

Une question d’image de soi

L’existence d’un lien entre l’image de soi d’une personne et l’image du véhicule qu’elle achète, analysée dans une chronique précédente, démontre que la personnalité militariste et agressive du Hummer convient à l’image que l’acheteur de ce véhicule veut projeter. D’ailleurs, une recherche réalisée par Keith Bradsher chez Honda démontre que acheteurs de SUV sont davantage préoccupés par leur image aux yeux des autres que par les considérations d’ordre pratique, ce que confirment Thomas Elliot, vice-président exécutif de Honda du secteur de l’automobile pour l’Amérique du Nord et Fred J. Schaafsma, ingénieur principal de GM pour les étapes initiales de planification de nouveaux véhicules (K. Bradsher, High and Mighty, SUVs – The world’s most dangerous vehicles and how they got that way, New York, Public Affairs, 2002, p. 103).

Or, l’image guerrière du Hummer exerce immanquablement une influence sur le comportement des acheteurs, d’autant plus que, comme je l’ai dit dans une chronique précédente, chez certaines personnes l’instinct l’emporte sur la raison et les sentiments, et que celles-ci souffrent d’un manque de confiance, sont égoïstes et ont peu de soucis des autres, comme le démontrent les études mentionnées par Bradsher. Le comportement routier dominateur, voire intimidant, parfois belliqueux, qui en résulte alimente la peur des autres conducteurs et contribue à créer une image détestable du Hummer. En définitive donc, les raisons qui font que certains aiment le Hummer sont les mêmes qui font que d’autres le détestent; la haine des seconds n’est que l’amour des premiers que quelque chose a contrarié. Ce « quelque chose » c’est l’image de soi du conducteur, construite par le Hummer, inacceptable pour ceux qui n’aiment pas ce véhicule.

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