Alexandre Sutherland Neill nous apprend que l’amour et la haine ne sont en fait qu’une seule et même chose : « L'amour et la haine ne sont pas des opposés. L'opposé de l'amour est l’indifférence. La haine est une autre face de l’amour – un amour contrarié. La haine contient toujours un ingrédient de crainte » (A. S. Neill, Summerhill, A radical approach to education, Londres, Victor Gollancz, 7e impression, 1973, p. 301). Ce que certains détestent, c’est plutôt la personnalité du Hummer, probablement parce que celle-ci leur fait un peu peur, avec raison d’ailleurs, quand on considère l’apparence du véhicule, les slogans et arguments publicitaires qu’on utilise pour le vendre, et parfois même, le comportement agressif d’un Rambo croisé au hasard de la route!
Des roues dont la taille permet au Hummer d’« escalader des barricades verticales de 40 cm de hauteur », une garde au sol qui place sa calandre à la hauteur de votre nez, calandre qui évoque déjà la gueule béante d’un animal aux dents acérées, convenons que ce sont là des éléments qui peuvent en intimider plus d’un. Les spécialistes du marketing nous disent que la publicité est conçue pour un segment de marché bien particulier, de sorte qu’elle peut laisser froides des personnes qui ne sont pas visées, voire leur déplaire. Néanmoins, la publicité a un impact sur celles-ci! Croyez-vous vraiment que les arguments publicitaires agressifs cités dans un blog précédent, dont le meilleur exemple est le fameux « Move in for the thrill », peuvent laisser indifférentes les personnes qu’ils ne ciblent pas? Au contraire, ils peuvent facilement engendrer un sentiment d’aversion instinctive ou de crainte, voire la peur chez des personnes plus sensibles que d’autres.
Finalement, sans affirmer que tous les conducteurs de Hummer sont des Rambos de la route, il est impossible de croire que les arguments publicitaires utilisés n’exercent aucune influence sur eux. Le simple fait qu’ils ont acheté un Hummer contredit cette hypothèse.