Le sommet du G8 est pour moi une occasion de faire un retour sur la chronique « Kyoto et la consommation », publiée le 27 avril 2007, dans laquelle j’écrivais : « Tous ces citoyens hautement vertueux, prétendument préoccupés par l’environnement, sont-ils vraiment disposés à faire un effort pour changer leurs habitudes et réduire leur consommation? »
J’étais alors, et demeure toujours, à juste raison, sceptique quant à la volonté des Québécois, comme des citoyens de bien d’autres provinces et pays, de faire un effort pour réduire les émissions polluantes. S'il est vrai qu'une minorité de citoyens est disposée à changer radicalement leurs habitudes de vie pour sauvegarder la planète, tel n'est pas le cas de la majorité. À preuve, dans l'article « Environnement : oui aux mesures indolores », publié le mercredi 30 mai 2007 dans le quotidien La Presse, le journaliste François Cardinal écrivait : « Une très forte majorité de Québécois sont prêts à agir pour contrer les changements climatiques à condition que cela n'exige aucun sacrifice de leur part. »
Cet article est fondé sur l’étude Changements climatiques au Québec méridional : perceptions de la population générale et suggestions d'adaptations futures de l'Institut national de santé publique du Québec. En voici un extrait éloquent (page VIII) : « Par ailleurs, il semblerait que la majorité des citoyens supporteraient les initiatives nationales et internationales en autant qu’elles ne demandent pas un changement significatif de leur style de vie ou le sacrifice de leur confort pour le bien collectif et en autant que cela ne leur coûte pas un sou. Enfin, la majorité aurait aussi un fort attachement au statu quo et risquerait davantage pour éviter une perte que pour obtenir un bénéfice. »
Au cours des millénaires, la terre a connu plusieurs cycles de réchauffement et de refroidissement; celui que nous vivons actuellement est assurément accentué par l’activité humaine. Ce n’est pas une raison pour faire paniquer la population, vouloir fixer des objectifs inatteignables et proposer des solutions impraticables. De toute évidence, il faut agir… de façon intelligente. Je suis partisan de fixer des objectifs peut-être moins ambitieux, mais réalistes. Les solutions à privilégier doivent être simples à mettre en œuvre et ne pas constituer une entrave au mode de vie de la population, une position qu’appuie d’ailleurs Mario Roy.
Dans un éditorial publié le lundi 5 février 2007 dans La Presse (page A15) ce journaliste écrivait : « Les Québécois sont, en paroles les champions mondiaux de l’environnement. […] Pourquoi les Québécois s’opposent-ils à une hausse des tarifs d’électricité et à l’exploitation de l’énergie hydraulique? […] Pourquoi les ventes des plus gros et des plus luxueux véhicules utilitaires sport (VUS) ont-elles progressé de 17 % et de 6 % respectivement au Canada en 2006? » Il attribue entre autres cette apparente contradiction au fait « que le citoyen indique qu’il ne sacrifiera pas le confort et la liberté que lui procure la modernité. » Il envisage le développement technologique comme une voie prometteuse pour trouver des solutions au réchauffement climatique : « Comme l’industriel, le citoyen va monnayer ses sacrifices. Ou, mieux encore, leur préférer de nouvelles technologies propres, de nouveaux procédés verts, des comportements écologiques corrects… s’ils sont sans douleur. »
L’être humain a démontré son inventivité à l’occasion des plus grandes crises de l’humanité ; la science a fait alors des progrès colossaux. Pensons aux antibiotiques, aux technologies de communications, à l’informatique et à l’énergie nucléaire, issus des recherches entreprises pendant la Seconde Guerre mondiale.
La même chose sera vraie aujourd’hui, à condition d’y consacrer les ressources et les énergies nécessaires, plutôt que de nous enfermer dans des polémiques stériles.
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